D’HOOP Guillaume, La représentation sociale des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie à travers l’étude des faits-divers, Maîtrise [Michel Pigenet], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 205 p.
De 1954 à 1962, les « événements d’Algérie » obligent les « Européens » à redéfinir leurs rapports avec les « Nord-Africains » dont près de 300 000 vivent alors sur le sol métropolitain. Le conflit, ses débats et surtout son prolongement en France même, provoquent une évolution de la perception de ces immigrés particuliers. Cette étude cherche à mettre en avant les permanences et les changements des thèmes de leur représentation. Les étapes de cette évolution sont ici analysées par l’observation des récits de faits divers de cinq grands journaux nationaux, France-Soir, Le Parisien Libéré, L’Aurore, Le Figaro et l’Humanité. La nature de cette rubrique en fait un terrain d’étude privilégié pour l’histoire des représentations collectives, essentiellement par cet aspect « secondaire » par rapport à l’actualité. Entre la source d’informations et les aspirations de leurs lectorats, les journaux donnent une vision particulière de la vie quotidienne des Algériens en métropole et de la difficile question de leur adaptation sociale. Par ailleurs, le développement de la criminalité « terroriste » conduit la presse à réévaluer sa représentation de la délinquance algérienne largement imputable à la misère matérielle des immigrés. L’explosion de la criminalité nationaliste déchaîne les passions, et le travail de la police reçoit, en conséquence, une plus forte caution populaire. Malgré cela, tous les journaux ne sont pas prêts à tolérer les abus de cette répression ni les élans populaires des réflexes dits de « légitime défense ». Néanmoins, devenu un Algérien à part entière, le Nord-Africain n’est plus invité à vivre sous l’aile protectrice de la République française. Le paternalisme laisse finalement place à une méfiance renforcée envers cette présence « étrangère » et toujours potentiellement dangereuse.