Le monde populaire de Marseille dans l’œuvre de Robert Guédiguian

DAVID Aurélia, Le monde populaire de Marseille dans l’œuvre de Robert Guédiguian, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 157 p.

Robert Guédiguian est un cinéaste natif de Marseille, qui depuis 1980, a réalisé dix longs-métrages. L’intérêt historique d’étudier l’œuvre de Robert Guédiguian est qu’il a produit un témoignage du vécu des couches populaires de Marseille, et plus particulièrement du quartier de l’Estaque, de la fin du XXe siècle, alors que celles-ci sont — surtout depuis les mutations industrielles et la chute du communisme — oubliées des médias. Sa filmographie s’inscrit dans le courant du cinéma social : elle s’appuie sur un socle réaliste, auquel s’ajoute l’imaginaire de l’auteur. Il décrit le quotidien populaire local de Marseille, mais son discours a une teneur universelle : il parle de la condition du petit peuple en général, en en montrant les aspects professionnels, et les aspects sociaux.

La condition populaire est fatalement et étroitement liée au travail, tant financièrement que physiquement. Robert Guédiguian donne à voir le travail manuel, brièvement, mais efficacement, ce qui ajoute une dimension documentaire à son œuvre, et souligne particulièrement les aspects difficiles. Il insiste beaucoup sur la notion de précarité, sur le spectre du chômage.

Robert Guédiguian montre aussi la vie en dehors du travail. Sa vision est teintée du parti pris de lutter contre l’oubli et la dévalorisation. Il propose comme contre­poids à cette situation professionnelle pénible, la solidarité de la communauté intergénérationnelle. Si son propos se place principalement dans le présent, il fait néanmoins revivre le passé et la culture de la classe ouvrière. Robert Guédiguian tient également un discours actif sur l’avenir, dans lequel il voit une fuite de la condition ouvrière.

Tantôt optimiste, tantôt pessimiste, la filmographie de Robert Guédiguian contribue à la construction de la mémoire ouvrière.