Les ouvriers des ateliers du métropolitain, leurs actions, leurs revendications : 1949-1956

COLLIN Élisabeth, Les ouvriers des ateliers du métropolitain, leurs actions, leurs revendications : 1949-1956, Maîtrise [Antoine Prost, Noëlle Gérôme], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 229 p.

Nous avons dressé un tableau de la vie politique et syndicale dans les ateliers d’entretien du métro de 1949 (date de la création de la RATP) à 1956 (début de la modernisation du matériel roulant). Les acteurs de cette vie syndicale sont les ouvriers, ils ont de nombreux avantages sociaux garantis par leur statut du personnel. Leur syndicalisation est très ancienne.

Après une présentation des différents ateliers, et des diverses lâches techniques que les ouvriers doivent accomplir sur les trains, nous avons dressé un portrait « « de ces ouvriers et de leurs syndicats. L’ouvrier type des années 50 est qualifié, le plus souvent d’origine provinciale, il travaille dans un atelier de taille moyenne (de 50 à 400 ouvriers) dans des conditions assez médiocres, et pour un salaire assez faible. Enfin, il est généralement syndiqué à la CGT. Il existe d’autres syndicats, minoritaires : FO, CFTC, et un syndicat autonome ouvrier. La CGT appelle souvent à l’unité d’action, mais les autres organisations la suivent assez irrégulièrement.

Les ouvriers s’associent dans des mouvements de protestation pour des raisons professionnelles, mais également pour des motifs politiques. Toutes les revendications n’aboutissent pas systématiquement à une grève. Les revendications très particulières aux ateliers restent presque toujours au stade des réclamations ; alors que les revendications plus générales à l’entreprise sur les salaires, les retraites, la durée du travail conduisent presque toujours à des arrêts de travail. Dans l’ensemble, les pétitions repoussent unanimement toutes les mesures d’économie que veut faire la RATP au détriment des travailleurs, et refusent toutes les réductions des avantages acquis. Enfin, les revendications à caractère politique ou syndical mènent souvent à des grèves.

Les ouvriers peuvent montrer leur mécontentement de différentes façons. Le plus souvent, ils commencent par rédiger une pétition qui expose les revendications, puis ils débrayent pour se faire entendre par la direction. Quand ces actions n’aboutissent pas et que la combativité reste forte, l’action se durcit : c’est la grève. Parfois les syndicats parviennent à s’unir, tous les ouvriers participent alors à la grève, et celle-ci dure plus longtemps (comme en 1951). La participation varie selon le type de grève, par exemple les grèves politiques rassemblent beaucoup plus que les mouvements pour les salaires. Enfin, des négociations souvent difficiles mettent un terme aux grandes grèves (1951, 1953, 1955).

Les résultats des actions montrent que dans les années 50, les syndicats jouent un rôle non négligeable dans l’amélioration de la condition ouvrière. La CGT possède une réelle faculté à mobiliser les ouvriers. Ces années d’après-guerre sont une période test pour la construction d’une unité d’action ouvrière. Cette unité paraît indispensable pour gagner les différentes luttes, mais on en découvre rapidement les limites.