Les juifs ashkénazes du 20e arrondissement durant les années 1930. Lebn Vî Got in Frankraykh ?

LEGRIS Patricia, Les juifs ashkénazes du 20e arrondissement durant les années 1930. Lebn Vî Got in Frankraykh ?, Maîtrise [Michel Dreyfus, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 205 p.

La communauté immigrée juive du XXe arrondissement est marquée par la Yiddishkeit. Cet ensemble de valeurs constitué principalement de la religion et de l’emploi du yiddish marque son comportement avant et après l’exil. Persécutés par une politique de ségrégation en Europe orientale, beaucoup de juifs décident de fuir.

Ils empruntent des trajets plus ou moins longs pour arriver à Paris. N’ayant que peu de moyens, ils s’installent dans des quartiers populaires. Belleville devient durant l’entre-deux-guerres, outre un quartier populaire, un quartier dit « juif ». C’est un lieu marqué à gauche, mais où l’antisémitisme n’est pas absent. Ces immigrés y sont cloisonnés dans certaines catégories de métiers qui ressemblent à ceux pratiqués en Europe orientale.

Les juifs de France voient d’un mauvais œil cette arrivée massive de juifs aux traditions différentes des leurs. Craignant une poussée d’antisémitisme, voulant se démarquer de ces immigrés, les Israélites accueillent les immigrants froidement.

L’accueil est le même de la part des organisations de gauche et d’extrême gauche. La méfiance domine leurs décisions par rapport aux étrangers. La xénophobie est présente dans les comportements de la population française. Les immigrés juifs organisent alors seuls leur installation dans le 20e arrondissement. La solidarité y est grande bien que la majorité d’entre eux mènent une vie misérable. Ils sont logés dans de petits appartements situés dans l’îlot insalubre n° 7.

La communauté juive du XXe arrondissement est marquée par la religion sans être traditionaliste. Une partie de ces immigrés s’engage dans des organisations d’extrême gauche. La deuxième génération, celle des enfants, se fond au sein de la société française grâce à l’école, aux patronages, aux organisations engagées. Tous ces immigrés ressentent une profonde admiration à l’égard de leur pays d’accueil. Les gestes symboliques envers la France ne manquent pas : le français devient la langue de communication, les enfants portent des prénoms « français » et certains s’engagent lors de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Français ou des Résistants.