La politique des cités d’urgence, 1954-1958

LEGOULLON Gwenaëlle, La politique des cités d’urgence, 1954-1958, Maîtrise [Annie Fourcaut, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 250 p.+ 1 volume d’annexes

L’insurrection de la bonté de février 1954 remit sur le devant de la scène médiatique et politique l’idée de construire des cités d’urgence, rejetée un mois plus tôt par le Sénat. Confronté à une grave crise du logement, le Ministère de la Reconstruction et du Logement accepta donc cette proposition et commença à en organiser les différentes étapes dès la fin du mois de février. Mais ce projet, né dans la précipitation, était très ambigu : il s’agissait de loger au plus vite les sans-logis et les mal-logés les plus déshérités avant la fin de l’année 1954 afin d’éviter une nouvelle hécatombe. Cet aspect situait les cités d’urgence dans la lignée des constructions provisoires édifiées par le MRL depuis 1945 pour parer aux besoins les plus pressés en matière de logement. Toutefois, le ministère souhaitait également que ces « Logements Economiques de Première Nécessité » (LEPN) soient suffisamment solides pour accueillir des locataires pendant 50 ans, en attendant la réalisation de grands programmes de construction, qui venaient à peine d’être lancés. L’ambigüité du projet des cités d’urgence était la marque d’une époque de transition entre Reconstruction et Construction (de logements populaires) massive. Elle permet aussi d’expliquer en partie son échec. En effet, non seulement les 13 000 LEPN — dont la moitié se trouvait en région parisienne — furent construits très en retard (en un an au lieu des six mois prévus), mais la majorité d’entre eux se transforma très rapidement en taudis. Cette recherche a donc pour but d’essayer de comprendre cet échec, en retraçant l’histoire des cités d’urgence de l’insurrection de la bonté à leur rénovation nationale en 1956, grâce au dépouillement des archives du Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement, ancien MRL. Ce mémoire a pour titre « la Politique des cités d’urgence » et non « les Cités d’urgence » parce qu’il s’est agi de reconstituer et d’évaluer, autant que faire se peut, un épisode, éphémère et totalement occulté, d’une certaine politique du logement du MRL.