VENNER Michel, Les grèves en France, dans L’Express et Le Nouvel Observateur, juillet 1968-juin 1974, Maîtrise [Lucette Le Van-Lemesle, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1990, 2 vol., 322 p.
Un événement tel que la crise de Mai 1968 est trop souvent considéré comme un phénomène isolé de son contexte. Cette crise sociale ne peut être séparée du mouvement des idées. L’échec relatif des grèves cache les conséquences qu’elles ont eues dans les années qui ont suivi.
Dans les années soixante, se crée une « nouvelle gauche » en dehors des partis traditionnels. La presse hebdomadaire se veut porte-parole de ses théories : le réformisme social, venu des États-Unis sous le nom de « management », thème de L’Express, ou l’autogestion, héritage du Socialisme Français, soutenu par le PSU et l’Observateur. Mai 1968 vient un moment semer le doute puis la « nouvelle gauche » comprend, avec les grèves qui suivent, que la crise sociale vient du manque d’avenir des salariés les moins qualifiés.
Cette rénovation est cependant trop tardive, car la « nouvelle gauche » se trouve marginalisée, exclue du Programme commun de la gauche de 1972. Deux ans plus tard, la crise économique succède à la crise sociale sans la résoudre. Réformistes et autogestionnaires prennent des options contraires, signant l’intégration dans les partis de la « nouvelle gauche ».
Le débat réparait à l’intérieur de la gauche après 1981, entre ceux qui veulent « changer la vie » et ceux qui souhaitent réformer la société, tendance du gouvernement actuel.