Deux syndicats de la police parisienne face à la guerre d’Algérie 1958-1962

BARROT Martin, Deux syndicats de la police parisienne face à la guerre d’Algérie 1958-1962, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1991, 175 p.

Nous avons étudié, à travers leur presse, les positions de deux syndicats de la police municipale de Paris sur les événements liés à la guerre d’Algérie ; attentats du FLN, crise de régime, menées factieuses, manifestations.

Les dirigeants du SGP, majoritaire, se réclament d’une solide tradition républicaine au nom de laquelle ils soutiennent la République menacée (la IVe, contestée par la base, puis la Ve, tout en se méfiant des « principes d’un État fort »), évaluent les conséquences économiques et sociales du conflit et demandent en février 1961, l’ouverture de négociations. Le SIPM, minoritaire, prône un syndicalisme « indépendant » dont le ressort est un anticommunisme constant dans l’analyse des événements d’Algérie, de la vie politique française, de l’action du SGP.

Ces deux syndicats s’accordent pourtant sur les questions du maintien de l’ordre. Le SGP obtient à deux reprises (en août 1958 et en octobre 1961) un couvre-feu pour les « Français Musulmans d’Algérie ». La manifestation organisée le 17 octobre 1961 par le FLN pour protester contre cette mesure est suivie d’une répression extrêmement violente. Dès lors, les responsables du SGP tentent d’échapper au malaise et au discrédit. Ils ont le sentiment d’y parvenir, de sauvegarder l’honneur de la police, grâce à leur engagement contre l’OAS. Le SIPM, pour qui l’ordre doit être maintenu à tout prix, assume la répression des manifestations algériennes et de celle du 8 février 1962.

SIPM et SGP nous semblent participer, malgré leurs différences, d’une même défaillance morale dans la mesure où ils s’accordent sur un point essentiel ; l’instauration d’un couvre-feu raciste favorisant un déchaînement de violence sans précédent dans l’histoire de la police parisienne.