Les expropriations dans la rue Geoffroy-l’Asnier (1940-1944)

BÉTARD Daphné, Les expropriations dans la rue Geoffroy-l’Asnier (1940-1944), Maîtrise [Claire Andrieu, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 173 p.

En 1941, la Préfecture de la Seine a organisé une série d’expropriations dans la partie sud du quartier de Saint-Gervais, à Paris. Il s’agissait d’immeubles jugés plus ou moins insalubres appartenant à « l’îlot 16 » ; îlot défini selon des statistiques de décès par tuberculose et des notions hygiénistes du début du 20, siècle. La rue Geoffroy-l’Asnier nous a paru un objet particulièrement pénitent pour étudier les expropriations qui ont eu lieu dans l’îlot 16 sous Vichy. Il a été possible d’étudier en détail les relations entre les différents facteurs et acteurs des opérations d’expropriation. Ces opérations ont pu avoir lieu par le biais des nouvelles lois promulguées par le gouvernement de Vichy qui s’appuyaient sur la notion d’insalubrité générale et non plus sur l’insalubrité de chaque immeuble en particulier. Deux types de questions se posent dès lors qu’on aborde le thème des expropriations : celles qui se rapportent à l’expropriation proprement dite et celles qui concernent les conséquences des expropriations sur la population du quartier. La première phase de la procédure consistait à acquérir les immeubles. Ensuite, l’administration devait évincer (dépossédé juridiquement de leurs locaux) et indemniser les locataires de logements d’habitation et de locaux commerciaux. À travers l’étude des cas d’expropriation de la rue Geoffroy-l’Asnier, on se propose donc d’étudier comment la Préfecture de la Seine, grâce à la législation de Vichy, a pu exproprier des immeubles considérés comme globalement insalubres et comment les locataires de logements d’habitation et les com­merçants de la rue ont subi et vécu leur éviction en pleine période d’Occupation.