Les étrangers à Ivry-sur-Seine dans l’entre-deux-guerres (1921-1936) : étude socio-démographique de la population étrangère d’une commune de la banlieue rouge

SIGRIST Rachel, Les étrangers à Ivry-sur-Seine dans l’entre-deux-guerres (1921-1936) : étude socio-démographique de la population étrangère d’une commune de la banlieue rouge, Maîtrise [Antoine Prost, Claude Pennetier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 211 p.

Se basant sur les données résultant du dépouillement exhaustif des listes nominatives de recensement de 1921 et 1936 augmenté de documents nominatifs annexes, cette étude vise à tracer aussi fidèlement que possible le portrait de la population étrangère d’une commune doublement caractérisée par une très forte industrialisation qui en fait la « Saint-Denis du Sud » et une gestion municipale socialiste puis communiste mise en place dès 1896, et ceci en s’intéressant successivement aux caractéristiques démographiques, d’emploi, de résidence et d’insertion dans la population autochtone de ces étrangers.

Relativement peu nombreuse eu égard aux pourcentages d’étrangers des autres communes de la banlieue parisienne, composée majoritairement, malgré la diversité des provenances, de trois nationalités principales (Italiens, Belges, Espagnols) et de deux autres émergeant au cours de la période (Polonais, Portugais), la population étrangère ivryenne se révèle contrastée et connaît deux évolutions contraires au cours de l’entre-deux-guerres.

Population entrée en France dans un cadre non institutionnel, relativement stable (à savoir familiale, équilibrée entre les sexes), active et qualifiée dès 1921 par rapport à l’image traditionnelle de l’immigré, même si — restant en marge de la population autochtone du point de vue du logement et de sa localisation — elle croît dans l’entre-deux-guerres du fait de l’arrivée massive de jeunes célibataires. Durement frappés par la crise, mais retournant apparemment moins dans le pays d’origine que les émigrés présents dans d’autres régions françaises, bénéficiant en grand nombre des secours du fond de chômage ou travaillant plus fréquemment à l’extérieur de la commune dans des emplois moins qualifiés (sauf pour la deuxième génération, qui connaît une montée partielle dans la hiérarchie sociale), les étrangers présents à Ivry en 1936 se scindent en deux groupes : un premier, composé de la population la plus « instable », restant à l’écart d’une insertion dans la population autochtone ; un second, se rapprochant continuellement du « modèle national » jusqu’à se fondre dans la population ivryenne.

Cette population ne constituant pas uniquement un tout homogène, mais étant composée de communautés nationales, l’accent est mis sur les différences existant entre nationalités, permettant ainsi des comparaisons avec d’autres études concernant la région parisienne, mais limitées à la considération d’une unique nationalité.