SIMEON Frédéric, La Cimade et l’Amérique latine : 1970-1990, Maîtrise [Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 150 p.
La Cimade est une association née en 1939. Elle a été créée par des mouvements de jeunesse protestants dans le but de venir en aide aux déportés alsaciens puis aux juifs dans les camps de concentration français. Depuis cette date, la Cimade s’est impliquée dans de nombreuses luttes comme la réconciliation franco-allemande d’après-guerre, l’Algérie ou encore l’antiracisme. Les années 1970 voient apparaître en France un nouvel attrait pour l’Amérique Latine, suite à l’expérience au Chili d’un gouvernement d’union de la gauche de 1970 à 1973 puis au coup d’État du général Pinochet le 11 septembre 1973. La Cimade s’est intéressée comme la majeure partie des forces progressistes françaises aux événements ainsi qu’à l’ensemble des questions latino-américaines.
Trois éléments m’ont semblé particulièrement importants dans le cadre d’une étude des relations de la Cimade et de l’Amérique latine. Tout d’abord, la perception que la Cimade a pu avoir de ce continent du point de vue politique, social et religieux. Il est ressorti de ce travail que l’association a largement manifesté sa sympathie, dans un but de soutien aux luttes de libération, pour les mouvements et les idéologies de gauche, voire révolutionnaires : la Théologie de la Libération et l’Église des pauvres, les partis ou syndicats progressistes comme la Centrale unique des travailleurs chiliens (CUTCh), les luttes des Indiens, ou enfin, le gouvernement sandiniste au Nicaragua.
Mais, et c’est là le second constat que l’on peut faire, ces interventions se sont faites en gardant toujours à l’esprit le but que la Cimade s’est donné : allier aide humanitaire et combat politique tout en gardant son indépendance envers toute organisation. Avec le même objectif, la Cimade a conduit des projets de développement en Amérique latine avec des associations diverses de ce continent. Plusieurs principes ont guidé ces projets : la co-responsabilité des deux parties, la prise en charge par les populations concernées du développement, et, enfin, le caractère politique des projets dans une perspective de libération socio-économique, parfois anticapitaliste, et culturelle.
Enfin, cette action en Amérique latine a eu son pendant en France avec l’aide aux réfugiés politiques latino-américains, qui a été multiple et s’est étendue durant la totalité du séjour. En effet, elle a concerné les questions de logement, de santé, des bourses d’études, de recherche d’emplois et d’insertion, mais aussi le soutien dans les tentatives de retour chez eux des exilés.
Cette étude est donc riche d’enseignements quant à la nature de la Cimade ainsi qu’en ce qui concerne le problème de l’aide au Tiers-Monde et de l’action associative en ce domaine.