La dissidence socialiste à Londres : le groupe Jean Jaurès et le quotidien France (août 1940-août 1944)

REY Emmanuelle, La dissidence socialiste à Londres : le groupe Jean Jaurès et le quotidien France (août 1940-août 1944), Maîtrise [Claire Andrieu, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 218 p.

En juin 1940, face à l’avancée allemande, de nombreux Français s’exilent en Grande-Bretagne. Au sein de la communauté française de Londres, les notables de la presse anti-munichoise et les démocrates convaincus se réunissent. Le 19 août 1940, sous l’impulsion des journalistes Georges Gombault, Louis Lévy et du syndicaliste Henry Hauck est créé le Groupe Jean Jaurès afin de rassembler tous les socialistes français en Grande-Bretagne. Une semaine plus tard, paraît le premier numéro de France, dirigé par Pierre Comert, ancien chef du service de presse du Quai d’Orsay. Son journal demeure le seul quotidien français de Londres durant toute la guerre.

Le groupuscule composé par le Groupe Jean Jaurès, dont les membres les plus influents sont également les principaux rédacteurs de France, va très rapidement incarner la dissidence anti-gaulliste, s’affirmer en coulisses et trouver écho dans d’autres composantes de la société londonienne. Les socialistes dissidents, qui redoutent les prétentions politiques du général de Gaulle, son autoritarisme et son entourage, entretiennent des contacts avec les socialistes de France afin d’envisager la reconstruction politique d’après-guerre et de les avertir du danger potentiel que représente le Général, à leurs yeux. La détermination de ces opposants les isole de la majorité des socialistes ralliés à De Gaulle, Léon Blum en tête. Des émissaires du Parti Socialiste clandestin sont envoyés à Londres pour tenter de les rassembler autour de la cause de la France Libre, en vain. Seule, la venue de Daniel Mayer, secrétaire général du Parti Socialiste clandestin, permettra de trouver un compromis. Les dissidents radicaliseront néanmoins leur position face à l’affirmation du pouvoir gaullien à Alger, dès juin 1943.