Les Cahiers de mai, 1968-1974, entre journalisme et syndicalisme

FIRMIN Matthieu, Les Cahiers de mai, 1968-1974, entre journalisme et syndicalisme, Maîtrise [Antoine Prost, Franck Georgi], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 211 p.+ annexes

Publication issue des événements de Mai 1968, les Cahiers de Mai ont paru jusqu’en 1974. Créés par une équipe hétéroclite, rassemblée autour de Daniel Anselme, personnage charismatique, militant professionnel, les Cahiers de Mai se donnent comme objectif initial de rassembler des témoignages ouvriers sur des conflits d’entreprises s’étant déroulés en mai-juin 1968. Ces témoignages devaient permettre de mieux comprendre cette période annonciatrice, selon eux, de profonds changements pour le monde au travail et les pranques syndicales. Mai 1968 est donc I’événement de référence devant indiquer le chemin du changement social.

Les militants des Cahiers de Mai ont vu dans les nombreux conflits du travail, ponctuant la période 1968-1974, l’expression des changements annoncés par les événements de Mai 1968. Ils constatent cependant que les ouvriers rencontrent de nombreuses difficultés pour comprendre leurs mouvements. L’une de ces difficultés est la compréhension et l’expression des raisons véritables de leurs grèves. Les militants proposent donc à ces ouvriers une méthode d’enquête collective qui doit permettre de définir les raisons du conflit et de les exposer dans des textes collectivement rédigés. Les Cahiers de Mai soulignent ainsi le rôle capital que doit jouer l’information dans un mouvement social. Une information claire, précise et collectivement vérifiée est selon eux un élément essentiel de réussite à toute grève. Ce travail d’enquête et d’information est également, selon les militants des Cahiers, un moyen de renouveler les pratiques syndicales de l’époque. Puisant ses racines dans l’anarcho-syndicalisme, le syndicalisme d’action directe, les Cahiers de Mai prônent un syndicalisme autonome et géré par les ouvriers. Le groupe Cahiers de Mai a participé à de nombreux conflits d’entreprises, mais deux d’entre eux ont fait l’objet d’une mobilisation particulière : ceux de Penarroya et Lip. Deux grèves-modèles correspondant aux ambitions des militants des Cahiers.