Le centre de séjour surveillé de Voves (Eure-et­-Loir), janvier 1942-mai 1944

FOURMAS Stéphane, Le centre de séjour surveillé de Voves (Eure-et­-Loir), janvier 1942-mai 1944, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 220 p.

Le centre de séjour surveillé de Voves a été créé en janvier 1942 en application du décret du 18 novembre 1939 relatif aux mesures à prendre à l’égard des individus dangereux pour la sécurité publique. Aménagé dans un ancien camp de prisonniers de guerre, le centre est placé sous le contrôle des autorités françaises et plus particulièrement sous la « haute autorité » du préfet d’Eure-et-Loir. Lors des travaux d’aménagement, le camp est scindé en deux parties et les internés peuvent vivre dans une large autonomie à l’écart de l’administration. Ils sont surveillés par des gardes civils et des gendarmes français dirigés par un chef de camp.

Le Centre devait être spécialisé, à l’origine, dans l’internement des militants communistes de la région parisienne. Ce sera, en fait, une population masculine bigarrée composée de trois catégories de détenus : les « politiques », les « indésirables » et les « droits communs ». La forte population communiste permet d’imposer dans le camp un mode de fonctionnement efficace : l’amélioration des conditions de vie, la création d’une « Univ. » et l’activité clandestine sont organisées de manière collective.

Le régime d’internement est rude : les « prélèvements » d’otages menés conjointement par les Français et les Allemands, les transferts vers des destinations parfois inconnues sont autant de menaces qui pèsent sur les internés. Les libérations seront motivées par le ralliement de certains à la politique de Pétain, mais pour d’autres, l’évasion sera la seule issue. Le 6 mai 1944, 42 individus s’évadent du camp par un tunnel. Ce sera l’une des plus spectaculaires évasions de la Seconde Guerre mondiale. Le 9 mai 1944, le centre est dissout et les 407 internés restants sont déportés vers Neuengamme, en Allemagne du Nord.