« Charonne » vu par la presse d’information écrite

DONZELLE Béatrice, « Charonne » vu par la presse d’information écrite, Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1999, 207 p. + annexes

Le 8 février 1962, une manifestation intersyndicale anti-OAS pour la paix en Algérie, interdite, se solde par 8 morts parmi les manifestants, étouffés dans la bouche de métro Charonne. Cet événement appartient aujourd’hui à la mémoire collective. Quel est le rôle de la presse écrite nationale et régionale de la métropole dans son ancrage dans le souvenir ?

La forte médiatisation du drame de Charonne provoque pour premier effet visible un immense élan populaire lors des obsèques des victimes, le 13 février au Père-Lachaise. Par rapport au 8 février, la foule a décuplé, et ar opposition aux débats — selon les thèmes récurrents de la jeune Vème République : Algérie, montée du fascisme, répression, péril rouge, censure — qui ont suivi la manifestation nationale, impose I’unanimité. Les journaux lui accordent encore plus de place dans leurs colonnes que la soirée du 8 février.

Si aujourd’hui les témoins de cette époque ont gravé dans leur mémoire la foule digne et silencieuse du 13 février, plus que celle — revoltee — du 8, la presse y est pour quelque chose. Elle a d’abord, volontairement ou non, amplifié le mouvement de protestation en le médiatisant, puis inscrit dans les esprits — de manière plus intense encore — l’immensité imposante de la foule des obsèques.