Le quartier de la Salpêtrière à travers les répertoires analytiques de son commissariat entre 1938 et 1943

MÉNAGER Camille, Le quartier de la Salpêtrière à travers les répertoires analytiques de son commissariat entre 1938 et 1943, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Denis Peschanski, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 203 p.

Registre policier où sont consignés les plaintes, déclarations, infractions, et délits constatés dans un quartier de Paris, le répertoire analytique est une source d’étude précieuse pour aborder une période donnée sous l’angle d’une « micro-histoire ». Nous l’avons choisi comme source afin d’étudier le quartier de la Salpêtrière, dans le XIIIe arrondissement, de 1938 à 1943. Nous abordons donc la période qui couvre l’immédiat avant-guerre, la guerre, et la majeure partie de l’Occupation selon une échelle locale, champ encore peu développé dans l’historiographie de ces années, en nous intéressant à l’évolution du comportement de la population face à un quotidien bouleversé. Elle a en effet dû d’abord s’adapter aux mesures de guerre, faire face à la mobilisation et à la défaite, puis s’accommoder de la présence allemande. L’augmentation régulière et importante du nombre de plaintes pour vol nous a permis de voir que les préoccupations majeures des habitants et travailleurs du quartier sont d’ordre matériel. En effet, face à la pénurie, tous les moyens sont bons pour « vivre et survivre », ce qui crée progressivement un climat de méfiance et d’agressivité générales d’autant plus pénible qu’il évolue dans un cadre répressif de plus en plus marqué : en ce qui concerne les communistes, les multiples infractions au décret du 26 septembre 1939 traduisent une répression qui n’apparaît qu’en filigrane en ce qui concerne les juifs. À ces tendances, qui ont été également dégagées au niveau national s’ajoutent des déclarations et enquêtes liées directement aux spécificités du quartier ; ainsi, sa vocation d’assistance et les hôpitaux de la Salpêtrière et de la Pitié qu’il abrite sont à mettre en relation avec la fréquente mention d’enquêtes d’aliénés dans nos répertoires. En nous attachant à citer fréquemment les répertoires tout en confrontant leur contenu aux diverses études faites auparavant sur Paris à la veille de la guerre et sous l’Occupation, et en évitant la compilation proprement dite d’exemples qui nous ont marqués, nous avons donc cherché à dresser un portrait bien particulier du quartier de la Salpêtrière, puisqu’il s’attache à décrire à travers un prisme policier le comportement de sa population pendant les années noires.