Les carrés militaires de la première guerre mondiale dans les cimetières parisiens

MARTINI Aldine, Les carrés militaires de la première guerre mondiale dans les cimetières parisiens, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 112 p.

L’ampleur du premier conflit mondial eut de nombreuses répercussions sur les mentalités du XXe siècle. Le nombre de morts fut tel qu’il incita à une nouvelle approche de la mort du soldat, qui passe du statut de simple militaire mort au combat à celui d’individu héroïque, victime du devoir envers la Patrie. L’importance accordée à la réalisation des cimetières de guerre en est l’expression immédiate. Des premiers grands cimetières établis sur la ligne de Front aux petits carrés militaires des cimetières communaux, tous symbolisèrent la reconnaissance de l’État et de la Nation envers ces hommes. Les débuts de la guerre nécessitèrent la création de ces cimetières en grand nombre. Dans le cas de la capitale en tant que camp retranché, la majeure partie des décès militaires provenait des hôpitaux militaires de Paris vers lesquels étaient rapatriés les blessés du Front. Français ou étrangers, militaires de toutes conditions et même parfois civils, ces défunts bénéficièrent de toute une série de mesures de la part des autorités afin de prendre en charge les funérailles et les frais d’inhumations. Le choix des nécropoles accueillant des sépultures militaires fut déterminé en fonction du lieu de décès des militaires ainsi qu’en fonction des disponibilités de ces dites nécropoles. De ce fait, les grands cimetières parisiens extra-muros furent privilégiés quant à la création de divisions spéciales. Un modèle de nécropole fut établi afin que chacun ait une sépulture décente dans le respect de son individualité, tout en ne négligeant pas la nécessité d’harmonie, où particularismes et antagonismes s’effacent au profit de l’instauration d’un espace de paix. La fin de la guerre ne vit pas s’éteindre cette soudaine prise de conscience. L’Etat, les municipalités, mais aussi les nombreuses associations du souvenir et d’anciens combattants, créées dès la fin des hostilités, s’engagèrent, à plusieurs niveaux, à se faire les acteurs du devoir de mémoire. La perpétuation du souvenir devint primordiale et prit plusieurs formes. De l’organisation des cérémonies de commémoration à l’érection de monuments aux morts, l’après-guerre vit l’émergence d’une véritable religion civile, un culte des morts pour la Patrie. Cette mémoire de la guerre et de ses morts, enterrés loin de chez eux et loin du champ de bataille, reste vivante encore de nos jours grâce à une politique de diffusion de la mémoire et d’entretien des cimetières menée par l’État et ses partenaires.