Édouard Berth (1875-1939) : essai de biographie intellectuelle

MICHEL Vincent, Édouard Berth (1875-1939) : essai de biographie intellectuelle, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CHS, 2003, 209 p.

Ce travail est la biographie intellectuelle d’un disciple de Georges Sorel (1847-1922), sociologue de la classe ouvrière et théoricien du syndicalisme révolutionnaire : Édouard Berth (1875-1939). Dans ce cadre général, nous avons choisi de retracer sa carrière intellectuelle, en utilisant des sources imprimées (collaboration à différentes revues socialiste et d’extrême droite et 7 ouvrages) et des sources privées (correspondance entre Sorel et Berth). Nous avons mené l’analyse des thèmes de sa production philosophique, en montrant que ses écrits, tout comme son action, témoignent d’un attachement persistant à un socialisme éthique et prolétarien, anti-étatiste et garant de l’autonomie de la classe ouvrière. Berth a tout d’abord reçu l’éducation classique du socialiste des années 1890 : apprentissage de la philosophie allemande (Hegel, Marx, Feuerbach…), étude de l’économie politique anglaise, connaissance du socialisme français (Saint-Simon, Proudhon…). Il s’est ensuite rapidement tourné vers un socialisme mystique, à l’instar de Sorel et de Péguy, et commence à collaborer au Mouvement socialiste dès 1899. De 1899 à 1902-1903, Berth soutient les expériences réformistes d’Alexandre Millerand, dans la mesure où cette politique renforce le statut autonome du prolétariat. De 1903 à 1908, Berth adopte une posture antidémocratique et exhorte les travailleurs à exacerber les conflits de classes. À partir de 1908, Berth s’éloigne de la CGT, bastion du syndicalisme révolutionnaire, et cesse sa collaboration au Mouvement socialiste. Il se rapproche des mouvements royalistes et fonde avec Georges Valois les Cahiers du Cercle Proudhon en 1911. Après cette phase transitoire, il soutient avec enthousiasme le bolchevisme (1922-1925), avant de se rapprocher de la Religion (1935). Recherchant des voies menant à son terme la lutte de classes, Berth se distingue par sa grande versatilité politique, mais n’en reste pas moins un théoricien socialiste, dont le grand mérite est d’avoir étendu les implications théoriques de la pensée sorélienne.