Le personnel hospitalier féminin de l’hôpital Broca pendant l’Entre-deux-guerres

LEBLANC Anne, Le personnel hospitalier féminin de l’hôpital Broca pendant l’Entre-deux-guerres, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 207 p.

Le personnel hospitalier féminin, comprenant tous les agents en contact avec les malades, de la fille de service à la surveillante, n’avait fait l’objet d’aucune étude précise. Son image demeurait soumise à certains stéréotypes issus de l’inconscient collectif. La Grande Guerre a permis de redorer l’image de ce personnel et la création du DE d’infirmière, en 1922, offrait la reconnaissance à cette profession oubliée. Grâce à la consultation, pendant la période de l’entre-deux-guerres, des registres du personnel de l’hôpital Broca, hôpital du XIIIe arrondissement de Paris, nous avons pu constituer une population de 547 agents. Cette étude a été complétée par la consultation de 136 dossiers administratifs du personnel. Toutes les données recensées ont été analysées systématiquement. Nous pouvions ainsi caractériser la composition géographique et sociale du personnel.

Originaires d’environ 70 % de communes provinciales, ces femmes cherchent, en grimpant les échelons de la hiérarchie hospitalière, à échapper à leur condition. Elles sont bien souvent dans des situations délicates et viennent principalement de régions où l’exode rural est important. Ces mobilités géographiques sont d’ailleurs souvent associées à des trajectoires de mobilité sociale ascendante intergénérationnelle. En effet, ayant des pères majoritairement ouvriers et agriculteurs, elles parviennent à entrer dans la fonction publique et épousent à près de 70 % un fonctionnaire. Les parisiennes sont issues de milieux ouvriers modestes. L’image d’un personnel voué au célibat semble désuète et la majorité de ces femmes n’hésitent plus à fonder une famille. La capitale leur offre de nouvelles perspectives d’avenir. On ne constate pas de changement radical du recrutement, mais certaines modifications, concernant notamment les parisiennes dont le nombre est en augmentation dès le début des années 1930, la crise favorisant un recrutement beaucoup plus local. Néanmoins, nous pouvons parler de stabilité dans la composition géographico­sociale du personnel.