La Fédération CGT des Métaux et les immigrés pendant les Trente Glorieuses

LACOMBE Arnaud, La Fédération CGT des Métaux et les immigrés pendant les Trente Glorieuses, Maîtrise [Jean-Louis Robert, Michel Pigenet], 2000, 143 p.

Ce mémoire s’attache à montrer comment la Fédération des Métaux a progressivement pris en compte les revendications particulières des immigrés pour aboutir à un système de travail qui prend véritablement son envol à partir du milieu des années 60. On ne négligera pas non plus la prise en compte de certains facteurs externes qui ont pu influencer l’action de la FTM : contexte économique et politique difficile des années 50, développement des courants migratoires au début des années 60. Cette étude commence par une description rapide des immigrés dans la métallurgie au cours de laquelle on voit quelques traits caractéristiques de la main-d’œuvre de ce secteur : succession de nationalités différentes, présence d’un groupe d’Algériens qui connaît une situation particulière au cours de la période, localisation géographique, répartition des immigrés dans deux branches essentielles que sont la sidérurgie et la construction automobile, syndicalisation inégale selon les entreprises…

Pour une fédération qui souhaite, à la Libération, s’adresser « du manœuvre à l’ingénieur », la question des immigrés, catégorie visible comme les femmes ou les jeunes, ne peut être négligée. État d’esprit d’autant affirmé que c’est également à partir de cette période que l’ensemble des acteurs économiques et sociaux s’accordent pour envisager une immigration massive dans les prochaines années. Mais le contexte économique agité des années 50 met entre parenthèses ce discours ambitieux. C’est au début des années 60 — qui voient un afflux massif des immigrés vers la France — que la FTM modifie son discours pour s’adresser à une population qui représente désormais un enjeu pour l’ensemble des revendications de la classe ouvrière française.

On étudie comment la Fédération a pu faire évoluer ses structures internes et, notamment, les tentatives pour intégrer les immigrés dans l’appareil fédéral ou bien encore pour influencer sur les décisions de syndicats parfois réticents à l’action en direction des immigrés ; également la mise en place, au milieu des années 60, d’un instrument essentiel qui est la commission fédérale de l’immigration laquelle révèle une des difficultés de cette étude. En effet, il apparaît que les archives disponibles sont incomplètes, spécialement en ce qui concerne « l’action interne » de la Fédération, l’élaboration du discours à travers les réunions des dirigeants fédéraux… Cette étude a donc été essentiellement fondée sur le traitement de l’immigration dans les organes officiels de la FTM : congrès fédéraux, presse fédérale… On a pu tout de même consulter certaines archives qui nous font entrevoir l’action directe de la Fédération.