Le Parti communiste français dans la résistance en Corse, 1939-1943

RODER Iannis, Le Parti communiste français dans la résistance en Corse, 1939-1943, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 166 p.

La région Corse du PCF, créée en 1938 est forte à la veille de la guerre, de quelques centaines de militants. La dissolution du PCF en septembre 1939, la guerre et l’avènement du régime de Vichy la désorganisent complètement. Toutefois, des militants locaux aguerris et des militants des JC venus du continent permettent aux communistes de commencer à réorganiser l’appareil du Parti et les JC.

Durant l’été 1941, la région Corse du PCF reçoit l’appel à la formation d’un Front National. À partir de ce moment, les communistes mènent de front la consolidation du Parti, les prises de contact en vue de la création et de l’organisation du FN, l’organisation des moyens de propagande.

Les débuts du FN sont lents et difficiles, il ne prend toute son ampleur qu’avec l’arrivée des troupes italiennes en novembre 1942. Le PCF tente de toucher la population en articulant sa propagande autour de thèmes majeurs : le ravitaillement, c’est-à-dire les préoccupations quotidiennes de la population, le rejet du fascisme italien, démontrant que Vichy voulait livrer la Corse à l’Italie alors que le PCF était le défenseur de la Corse française, et enfin, l’union dans le Front National. Le FN est définitivement structuré à Porri en mai 1943 (Vittori est le responsable militaire, Giovoni est le responsable politique). Alger le reconnaît alors comme mouvement de résistance et envoie des missions et des armes par sous-marin. En été 1943, le FN s’impose comme l’unique mouvement de résistance en Corse, il est à direction communiste. Malgré la répression féroce, la troïka de direction du PCF (Begnini, Micheli, Pagès), coupée du continent depuis septembre 1942, à laquelle s’est joint Vittori, décide, à la suite de la chute de Mussolini, de déclencher l’insurrection le jour de la capitulation italienne. Cette capitulation intervient le 8 septembre 1943 ; le 9 le FN lance l’insurrection. Ses 12 000 hommes en armes libèrent l’île, avec l’aide d’un corps expéditionnaire français, intervenu sur le tard.

Qu’est-ce qui a permis à la région Corse du PCF, seule Région communiste à l’avoir réalisé, de créer les conditions d’une insurrection populaire, sachant que le PCF avant-guerre était quasiment inexistant et que la Corse ne connaissait pratiquement pas de classe ouvrière ? L’antifascisme des Corses était-il réellement sincère, ou au contraire, ne se réduisait-il pas au désir de se débarrasser de la présence italienne ? Dans ce travail, nous nous sommes efforcés de répondre à ces questions.