PAGANELLI Aurélia, Le nationalisme corse, 1966-1981, Maîtrise [Marie-Claude Blanc-Chaléard], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 200 p.
Quelles sont les origines du nationalisme corse et comment comprendre la violence dont il ne semble guère pouvoir se défaire ? Telles sont les interrogations qui ont guidé le projet de ce mémoire.
Une première partie analyse la situation de la Corse dans la France des années soixante. Elle cherche à faire comprendre les impasses de l’époque : d’un côté, une situation d’abandon économique singulière dans une période de grande croissance, de l’autre, le poids des habitudes politiques clientélistes et au milieu, une population insulaire mal préparée aux évolutions. Aussi les premières associations régionalistes naissent-elles au sein de la génération des jeunes des sixties, ceux qui font leurs études sur le continent, notamment à Nice. Dans le capital culturel de ce premier nationalisme, rien qui s’apparente aux vieilles lunes du nationalisme d’extrême droite, au contraire, plus souvent, un discours calqué sur celui de l’exploitation du tiers -monde.
À partir de là, le plan suit une progression chronologique, qui jalonne les étapes conduisant du régionalisme à l’autonomisme (1966-1975), puis de la revendication autonomiste au nationalisme (1975-1981). Suivre l’enchainement des événements est important pour comprendre l’inexorable escalade dans laquelle, aux maladresses insignes de la gestion étatique (affaire des boues rouges, question des rapatriés et incidents d’Aleria), répond une violence de plus en plus désordonnée, tacitement acceptée par la population.
Les sources utilisées sont essentiellement des articles, ouvrages et textes militants produits par les nationalistes. S’y ajoutent des analyses de géographes et des livres sur le problème corse. Plusieurs interviews de nationalistes se sont révélés inutilisables, tant ils étaient empreints de dissimulation. Preuve que l’histoire brûlante est souvent bien difficile !