Le Musée national d’art moderne au palais de Tokyo : un bâtiment, une collection, des expositions (1934 – 1960)

AISENBERG Paula, Le Musée national d’art moderne au palais de Tokyo : un bâtiment, une collection, des expositions (1934 – 1960), Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1990, 168 p. + annexes

Ce mémoire se propose de retracer l’histoire du Musée d’Art moderne à partir de 1935, date du lancement du concours pour son édification, jusqu’en 1960, année de la grande exposition « Les Sources du XXe siècle » qui place le musée au niveau international. Vingt-cinq années pendant lesquelles les conservateurs en chef Louis Hautecœur (1931-1940) et Jean Cassou (1945-1965) ont tenté de remédier, l’un aux problèmes techniques posés par le bâtiment, le Palais de Tokyo, l’autre, aux lacunes de la collection rassemblée uniquement à partir des Salons officiels depuis le XIXe siècle.

La guerre vient interrompre les préparatifs de l’inauguration. Les œuvres, par précaution, sont envoyées dans les dépôts de province. Le MNAM, à peine achevé, est fermé au public. En 1942, des officiers allemands s’apprêtent à réquisitionner le bâtiment. Pour empêcher toute occupation des locaux, la Direction des Musées nationaux décide d’ouvrir le musée, le 6 août 1942. Des hommes nouveaux, Georges Salles et Cassou, arrivent à des postes-clefs à la Libération. Ils s’attaquent à la constitution d’une collection représentative des courants d’avant-garde depuis le début du siècle. Pour cela, ils font appel à la compréhension de l’institution responsable des achats — en effet, le musée n’a pas de budget propre — le conseil des Musées nationaux. Celui-ci délivre deux enveloppes de six millions de francs pour des achats urgents d’œuvres de Bonnard, Matisse, Braque et Rouault. D’autre part, la générosité des artistes, de leurs familles et des collectionneurs est une caractéristique majeure de la collection du MNAM (Picasso offre dix toiles en 1964) : à la fin des années cinquante, 76 % des acquisitions proviennent de dons ou legs. Cassou l’appelle le Musée des Amis. Cette collection réunit en 1960 un bel ensemble d’œuvres de l’École de Paris (fauves et cubistes surtout), mais ne contient presque pas d’œuvres d’art étranger. Peut-on encore au milieu du xxe siècle, montrer l’art moderne en se limitant à des frontières nationales ?

Les expositions temporaires organisées par le MNAM veulent d’abord faire de ce lieu un espace dynamique, en constante transformation, un lieu de vie, mais aussi ouvrir les bornes posées par la collection et montrer l’art de différents pays étrangers d’Europe ou d’Amérique.

L’exposition « les Sources du XXe siècle » est, nous semble-t-il, par la variété d’origines des œuvres présentées, l’événement-clef de ces années. Elle démontre l’évolution de l’appréhension de l’histoire de l’art de ce siècle par le conservateur en chef, Jean Cassou.