La communication d’entreprise dans les années 80

BATT Olivier, La communication d’entreprise dans les années 80, Maîtrise [Antoine Prost, Lucette Le Van-Lemesle], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1990, 160 p.

La division scientifique du travail (le Taylorisme) a longtemps été considérée en Occident comme le type d’organisation le plus compétitif. Ce système inhumain a rencontré des accrocs dans une société en plein bouleversement. L’écart croissant entre la progression de l’efficacité technique et économique de l’entreprise et son échec sur le plan social a provoqué une vague de contestations dont la partie la plus visible fut la mini-révolution de Mai 1968. Face à ces revendications, certaines entreprises ont tenté de mettre en place une organisation qui prenne en compte le fait humain : le « Marketing social ».

Le Général de Gaulle, quant à lui, a proposé son projet de participation en entreprise afin de trouver un compromis entre le capitalisme et le communisme.

Une nouvelle conception de l’entreprise s’est donc implantée dans les esprits. L’exemple japonais a légitimé le schéma participatif : les chefs d’entreprise se sont rendu compte qu’il était possible de produire davantage en privilégiant l’esprit d’initiative de tous les participants. Ainsi, les « cercles de qualité » ont été importés de l’archipel.

Face à ces nouvelles pratiques qui privilégiaient la communication entre tous les protagonistes de l’entreprise, Jean Auroux, reprenant les idées autogestionnaires énoncées en 1973 par la CFDT, a écrit et promulgué la loi du 4 août qui instituait un droit d’expression directe et collective des salariés. Cette dernière a rencontré une opposition de la part des syndicats. De plus, elle a été confrontée, lors de sa mise en place, à une réalité qui a réduit l’expérience à un échec : cela a montré une certaine incapacité de l’État à « décréter la communication ».

Cependant, les entreprises sont aujourd’hui en quête de méthodes qui amélioreraient la communication. Cette nouvelle conception de l’entreprise s’inscrit dans une période où l’idéologie communiste est en train de mourir. Le patronat, enfin légitimé dans ses fonctions, cherche par la « communication d’entreprise » à obtenir une productivité accrue.

Les syndicats ont payé le prix de leurs erreurs et par là même perdu leurs adhésions et leur crédibilité. Peuvent-ils aujourd’hui remplir leur rôle de garde-fou dans une société capitaliste où chaque entreprise est en mesure de produire son propre statut social ?