L’association des Marocains en France (AMF) : une adaptation aux évolutions du projet migratoire des immigrés marocains (1968-1986)

BARROT Sandra, L’association des Marocains en France (AMF) : une adaptation aux évolutions du projet migratoire des immigrés marocains (1968-1986), Maîtrise [Antoine Prost, Michel Dreyfus], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998

Le sujet, portant sur le milieu associatif immigré marocain, traite du positionnement d’une association par rapport à la communauté immigrée qu’elle est censée défendre et représenter pour la période 1968-1986. Il s’agit de comprendre comment l’association a fait évoluer sa conception de la défense des immigrés marocains et les moyens mis en œuvre pour organiser cette dernière. Dans un second temps, le sujet traite de la nature des rapports de l’AMF avec les différents acteurs sociaux et politiques français. Enfin, l’étude replace l’association au sein du mouvement associatif immigré et retrace l’évolution du travail de coordination entre les différentes associations d’immigrés en France et en Europe.

En effet, l’association a orienté ses moyens d’action en fonction des évolutions du projet migratoire des immigrés marocains, adaptant ses revendications aux changements découlant de l’évolution structurelle de l’immigration maghrébine, survenue entre la fin des années 1960 et la première moitié des années 1980.

Trois principaux stades d’adaptation qui constituent les trois parties du mémoire se dégagent : dans un premier temps (1968-1975), l’association s’adresse à des travailleurs immigrés célibataires, venus provisoirement en France dans le but de travailler ; elle se place en opposition à la politique française en matière d’immigration et n’effectue qu’un travail de collaboration ponctuelle avec les associations d’immigrés en France. Dans un second temps (1976-avril 1981), l’association s’adresse à des familles d’immigrés ayant pour projet un établissement définitif en France ; elle affirme alors un caractère contestataire à l’égard des pouvoirs publics français et participe à la mise en place d’un front de défense des immigrés, en développant le travail de coordination avec les associations d’immigrés. Dans un troisième temps (mai 1984-1986), elle essaie de s’adapter aux revendications formulées par les jeunes issus de l’immigration, qui constituent les nouveaux acteurs des populations immigrées en France ; elle tente de développer une politique de concertation avec les pouvoirs publics, en cherchant notamment à établir une représentation capable de constituer un interlocuteur reconnu par ces derniers à l’échelle du mouvement associatif immigré en général.