L’image de l’ouvrier à travers les documentaires télévisés entre 1958 et 1967

ARBUTINA Vadim, L’image de l’ouvrier à travers les documentaires télévisés entre 1958 et 1967, Maîtrise [Antoine Prost, Annie Fourcaut], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1998, 220 p.

À la fin des années cinquante, les Français découvrent véritablement le petit écran. La télévision entre en masse au sein des foyers dans le cadre de la société de consommation naissante. Les téléspectateurs se passionnent alors pour le sport, les variétés, le journal télévisé, les magazines d’information et de société (Cinq colonnes à la une, Zoom, Panorama).

Ce sont les documentaires tirés de ces magazines d’information que nous avons choisi de décortiquer pour comprendre, analyser et décrire la société ouvrière des années soixante.

L’idée que les documentaires télévisés sont le reflet plus ou moins réaliste de la société semble bien évidemment réductrice, au regard du travail de la censure dans les années soixante. Pourtant les documentaires sont dans la réalité sociale. À la télévision, on n’hésite pas à parler des problèmes du logement français. On s’étend sur les modes de vie, de travail et de pensée des ouvriers. On s’attache aussi à décrire le bien-être que peut procurer la société de consommation (loisirs, biens matériels, culture…). Pourtant, dans un film, quel que soit son projet (décrire, distraire, critiquer, dénoncer, militer…) la société n’est pas proprement montrée, elle est mise en scène. Ainsi, une image peut créer une illusion, au moins partielle, sans être la réplique exacte de son modèle. C’est l’un des problèmes centraux lorsque l’on aborde la notion des représentations. Il convient alors — et c’est sans doute ce qui a été le plus difficile dans notre travail — d’essayer de réaliser non pas une lecture du film à partir de la société, mais une lecture possible de la société à partir des sources filmiques.