L’arrivée des Européens d’Algérie à travers la presse nationale et locale, 1962-1964

BROS Karine, L’arrivée des Européens d’Algérie à travers la presse nationale et locale, 1962-1964, Maîtrise [Noëlle Gérôme, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 184 p.

Lorsque les Européens d’Algérie sont arrivés en métropole, ils se sentaient incompris et ils l’étaient. La signature des accords d’Evian marqua le point de départ d’un long exode : près d’un million de personnes ont quitté l’Algérie pour la métropole et aussi pour d’autres pays. La presse semblait être le moyen le mieux approprié pour rendre compte d’une situation imprévisible selon les autorités politiques.

Les quotidiens citent les événements au moment où ils se produisent et permettent d’apprécier l’actualité d’il y a 28 ans comme si nous la vivions. La presse permettait, donc, d’analyser le comportement des métropolitains vis-à-vis des rapatriés et aussi, celui des rapatriés eux-mêmes, et de voir comment l’arrivée de cette population pouvait bouleverser les structures économiques et politiques de la métropole. Surtout, l’arrivée des Européens d’Algérie a mis en valeur l’erreur du personnel politique français qui pensait que les Français d’Algérie étaient trop attachés à leur sol pour qu’ils l’abandonnent.

Ainsi, à partir de ces considérations et à la lecture du Monde, du Provençal, de Midi-Libre et de Nice-Matin, entre mars 1962 et juillet 1964, trois thèmes ont pu être mis en valeur. La presse, entre mars et septembre 1962, mentionne l’accueil des rapatriés, la manière dont ils vivent et surtout les premières mesures gouvernementales. Puis à partir d’octobre 1962, l’exode est terminé et le thème principal est celui de l’intégration. Ces rapatriés, aux « mœurs » et aux qualifications différentes ne pouvaient que modifier nos structures économiques et religieuses. Or de nombreux problèmes subsistaient dont ceux du logement et de l’emploi. Le gouvernement français a essayé de les aider sans toutefois réussir véritablement. Il a préféré laisser les problèmes en suspens, croyant que la fin du ministère des rapatriés, en juillet 1964, marquait la fin de leur intégration, la fin de la mise à l’écart d’un groupe social.

À l’aide de quelques écrits par et sur les rapatriés, nous avons pu nous rendre compte de la réalité de l’actualité des années 1962, 1963, 1964, et percevoir comment ces personnes avaient besoin de se réunir pour penser à l’Histoire, à leur Histoire.