La suppression du poste de receveur dans les autobus parisiens

PREVOST Marc, La suppression du poste de receveur dans les autobus parisiens, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1985, 172 p.

Étudier la suppression du poste de receveur c’est décrire la disparition d’un métier traditionnel, les effets de l’évolution de notre société à l’égard de la haute technologie aux dépens du savoir-faire et de la présence humaine ; ceci dans le cadre d’une entreprise nationalisée, la RATP.

Imaginée dans les années 1920, la transformation du système d’exploitation traditionnel de l’autobus (un receveur, un machiniste) n’était pas facile à réaliser. Elle supposait un certain nombre d’innovations techniques et tarifaires pour limiter le temps perdu aux arrêts par la vente et le contrôle des titres de transport. Le coût de ces améliorations fut longtemps jugé excessif en comparaison des économies qu’il permettait de réaliser. Seules quelques voitures roulaient donc sans receveur (sans appareillage technique particulier) dans un but de rentabilité, sur des lignes déficitaires et de faibles trafics.

En 1967, cette conception allait être modifiée. De plus en plus, les usagers préféraient la voiture individuelle aux transports en commun, particulièrement aux autobus jugés inconfortables et lents. Le réseau routier connaissait donc une désaffection de sa clientèle. Dans le même temps, l’État révisait sa politique à, l’égard des entreprises nationales et décidait de modifier leur gestion pour les rendre plus productives. Cela se traduisit à la RATP par la volonté de rationaliser les systèmes d’exploitation et de réduire les dépenses de personnel.

Il faut intégrer la suppression des receveurs dans ce contexte. Ce fut à la Régie la première opération d’une telle envergure. Mettre en valeur les modalités de cette opération n’était donc pas sans intérêt possibilités de formation offertes au personnel, organisation des mutations, garanties proposées aux agents à reconvertir.

L’originalité de notre sujet tient en grande partie au fait que la RATP ne licencie pas. Il a donc semblé intéressant de s’interroger sur les différentes motivations qui pouvaient inciter une telle entreprise à supprimer une catégorie d’emplois et sur la manière de reclasser les titulaires de ces postes.