FITZNER Pascal, La STCRP pendant la Seconde Guerre mondiale, Maîtrise [Noëlle Gérôme], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 234 p.
La Société des Transports en Commun de la région parisienne est avant-guerre une entreprise privée exerçant un service public, comme la CPDE ou la Compagnie du Gaz. Il s’agit d’une entreprise essentielle pour Paris et sa banlieue, par le nombre de voyageurs transportés (plus d’un milliard en 1937) et l’importance de son budget et de son personnel (26 000 agents). Ce dernier présente certains traits caractéristiques qui vont peser fortement pendant la Seconde Guerre. Mondiale : qualification professionnelle, codification du travail reproduite par des générations d’agents, forte tutelle patronale, mais aussi forte combativité syndicale avec une CGT très majoritaire.
Pendant l’Occupation la STCRP reflète à sa manière les divisions qui déchirent la France d’autant plus qu’assurant un service public et disposant d’équipements convoités, elle constitue un enjeu au cœur d’intérêts multiples.
Alors que fusionnaient en 1942 le Métropolitain et la STCRP, le réseau d’autobus disparaissait presque entièrement en raison de la pénurie de carburants et de pneumatiques. En 1939, le parc total du réseau était d’environ 3 500 voitures correspondant à 199 lignes, en juillet 1942, il n’est plus que de 510 véhicules avec 44 lignes exploitées. Ces bouleversements concernent non seulement le trafic, mais aussi le personnel : licenciements, allongement des horaires de travail et application de la législation vichyste. La STCRP semble vivre l’Occupation en symbiose avec le régime de Vichy.
En outre, le rôle stratégique des transports terrestres fait que, plus que d’autres entreprises, la STCRP est massivement spoliée. Les quelques autobus qui roulent encore sont indispensables à la machine de guerre hitlérienne pour le transport de matériel et de main-d’œuvre. Largement paralysée et affaiblie, la STCRP n’hésite pas à mettre à la disposition des Allemands, moyennant finances, ses capacités d’entretien et de réparation automobiles.
Si les dirigeants de la STCRP manifestent un empressement certain à appliquer les lois de Vichy et à répondre aux demandes allemandes, la participation à la Résistance est cependant active et précoce. Le personnel des transports en commun joue un rôle important dans la lutte pour la libération de Paris.
La création de la RATP, en 1949, résulte des bouleversements de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit d’une période clef, marquée par une première tentative de fusion de la STCRP et du Métropolitain, par une suspension des dirigeants convaincus de collaboration à la Libération et par l’ouverture d’un long débat sur le futur statut de l’entreprise.