Les mariages des israélites parisiens dans les années Trente

DELBO Anne, Les mariages des israélites parisiens dans les années Trente, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993 – 173 p.

Traiter des mariages israélites parisiens dans les années Trente, en appuyant sur les actes de mariage religieux (ketouboth) et civils, revenait à étudier les caractéristiques sociales de la communauté juive. Mais ce mémoire ne présente qu’une minorité de la communauté parisienne des années Trente : la population consistoriale. L’exploitation des sources bibliographiques permettait de préciser si on pouvait parler d’intégration ou d’assimilation concernant cette population.

En étudiant la population consistoriale fréquentant les synagogues affichées au Consistoire, à travers leurs origines, leurs domiciles et leurs professions, on notait un changement au sein de cette communauté entre le début et la fin des années Trente. Cette évolution était confirmée par l’étude précise des origines géographiques des mariés, de leur profession et de leur entourage. De la même manière, la localisation précise de leurs lieux d’habitation démontrait nettement l’évolution survenue : la séparation entre les quartiers Est et Ouest de la capitale, très marquée au début des années Trente, tendait à se réduire en 1938-1939. Cette séparation traduisait le clivage entre les juifs français et immigrés de la population consistoriale, renforcée par une répartition professionnelle à l’avantage des premiers. Le degré d’homogamie entre les conjoints était assez important tant au début qu’à la fin de la décennie, avec toutefois une proportion de mariages avec des prosélytes supérieure en 1938-1939. Ainsi, ces diverses constatations nous amènent à conclure que la communauté consistoriale était remarquablement intégrée dans la société française, mais non-assimilée, car elle n’avait pas renoncé à tous ses particularismes. Néanmoins, une nuance s’impose avec la distinction au sein de cette communauté entre les juifs français établis depuis longtemps et leurs coreligionnaires immigrés ; distinction renforcée par la crise des années trente qui atteint indirectement la population consistoriale.