La sociabilité des ouvriers de Montreuil-sous-Bois : étude monographique d’un quartier au début des années 1950

LAVERGNE Sarah, La sociabilité des ouvriers de Montreuil-sous-Bois : étude monographique d’un quartier au début des années 1950, Maîtrise [Antoine Prost, Noëlle Gérôme], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 268 p.

Au début des années 1950, le sociologue Paul Henri Chombart de Lauwe réalise une enquête pour le département des recherches d’ethnologie sociale du Centre d’étude sociologique du CNRS dans certaines communes de Paris et de l’agglomération parisienne, dont Billancourt, le Petit-Clamart, Montreuil-sous-Bois. Cette enquête porte sur la vie quotidienne des familles ouvrières et se présente sous forme de dossiers organisés en rubriques (habitat, travail…).

Nous nous sommes intéressés en particulier aux 53 dossiers d’enquête réalisés auprès des ménages ouvriers de Montreuil-sous-Bois.

Les résultats de cette enquête ont été analysés par Paul Henri Chombart de Lauwe (La vie quotidienne des familles ouvrières) en 1956. Mais cette analyse privilégie l’étude des conditions matérielles des ménages (travail, habitat, consommation) et leurs conséquences psychologiques au détriment de la sociabilité, et ce, malgré l’abondance des données sur ce thème. Nous nous sommes donc proposé de mener l’étude de la sociabilité des ménages ouvriers de Montreuil, en relation avec les différents aspects de la vie quotidienne abordés, dans le questionnaire.

La première étape du travail consiste à montrer comment l’organisation de l’espace résidentiel (quartier industriel, commerçants, habitat collectif surpeuplé, mal équipé) favorise le développement d’une sociabilité importante fondée sur les commérages et les échanges de services.

Ensuite, il est apparu que l’extension des relations à la sociabilité locale était étroitement liée à la proximité du lieu de travail, à la présence des femmes et des jeunes enfants au foyer et à l’existence de réseaux d’entraide familiaux.

Enfin, l’étude des relations entre la sociabilité et l’aspiration des ménages met en évidence certaines tensions et frustrations (l’aspiration à résider en pavillon comme désir de s’abstraire du voisinage, aspiration à la mobilité sociale occasionnant des jalousies, coexistence difficile entre ouvriers algériens et ouvriers métropolitains).