La représentation du criminel et de ses crimes dans Détective de 1967 à 1978

FOURREY Cécile, La représentation du criminel et de ses crimes dans Détective de 1967 à 1978, Maîtrise [Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 229 p.

Entre 1967 et 1978, l’hebdomadaire Détective apparu en 1928 et spécialisé dans les faits-divers criminels évolue rapidement dans un contexte particulier de liberté, de crise et de retour aux valeurs, celui de l’après Mai 68 en France. Le cadre de la représentation du crime et du criminel est toujours le même sur la période : une littérature faite d’images de convention marquantes et de références à une mémoire du crime, une écriture qui sélectionne certaines images de la criminalité, faisant que celle-ci n’est pas représentative de la réalité. Les agressions dont le journal rend compte ont un impact sur les consciences ; l’hebdomadaire verse dans le sensationnalisme et choisit l’enquête accompagnée de témoignages et illustrée de photographies pour raconter le crime. Il véhicule quelques stéréotypes qui sont ceux de l’imaginaire social dans ses récits d’homicides passionnels, et familiaux, crimes de sadiques et énigmes, ses thèmes de base, pour répondre aux attentes du public, mais choisit de plus en plus de surprendre avec des sujets qui mêlent la violence, le sang, le sexe et la famille.

En effet, le crime a toujours été utilisé pour vendre l’hebdomadaire et faire passer quelques idées. Dans notre période, le thème omniprésent apparaissant derrière le crime est le sexe et toutes les déviances dont la presse en général aime parler, qui répondent aux fantasmes du lecteur. Dans Détective, le sexe et le crime renvoient à l’homme et à ce qu’il est fondamentalement : un être soumis à des passions, un être qui peut se révéler dangereux ou cruel, et qui renferme des instincts pouvant faire de lui un monstre. Tout concourt en fait à susciter des peurs et en premier lieu la peur du crime. Celui-ci fascine et répugne, c’est cette ambivalence qui fait qu’il se vend si bien. Les peurs s’accompagnent d’un discours sécuritaire et alarmiste, l’ordre est jugé nécessaire pour protéger la société et les citoyens. Détective vend du crime, mais ce dernier est constamment sanctionné de façon à rester moral dans la conclusion des articles. L’objectif du journal est de satisfaire le lecteur, de répondre à ses attentes quelque peu ambigües, constituées d’un attrait pour la violence, le sexe et le sang, mais aussi d’un désir de justice et d’ordre. Détective est un phénomène exemplaire — il permet peut-être au lecteur de défouler ses instincts et ses passions — mais on ne peut s’empêcher de critiquer ses options sociales ou morales.