La représentation de la Résistance française dans le cinéma américain de 1940 à nos jours à travers l’étude de six film

SMITH Joël, La représentation de la Résistance française dans le cinéma américain de 1940 à nos jours à travers l’étude de six films, Maîtrise [Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 191 p.

Si le thème de la Résistance française sous l’occupation est éminemment passionnel en France, où il touche à l’identité collective, le regard décentré du cinéma américain, étudié à travers six œuvres représentatives des moments forts de la production hollywoodienne sur la question, toutes disponibles et exploitables de nos jours, propose une vision à la fois marginale de la Résistance, éclipsée par des enjeux plus majeurs pour les Américains comme le débarquement du 6 juin 1944, et en même temps riche en enseignements. La Résistance, argument idéal de scénarios où l’action, l’héroïsme et le sens du sacrifice sont exaltés, y prend une forme à la fois codifiée et idéalisée, où les conditions de production hollywoodiennes jouent un rôle non négligeable. Ces œuvres s’inscrivent également dans leur contexte historique, qu’il s’agisse des besoins de propagande en vue de l’engagement américain dans les années 40 (« Vivre Libre », « Casablanca »), le dynamisme des années 60 permettant l’essor de grandes productions historiques par des studios tout juste sortis de la « chasse aux sorcières » maccarthyste (« Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse », « Le Train », « Le Jour le plus long ») ou encore des années 80 où priment désormais des problématiques plus individualistes (« Plenty »). Au-delà de la spécificité du traitement de la question dans chaque œuvre, on note cependant l’absence d’ancrage de la représentation de la Résistance dans ses enjeux politiques, ce qui permet de dégager une universalisation du motif de Résistance, confirmée par la déclinaison du thème dans des superproductions situées à des époques très différentes. Représentés souvent comme des troupes d’appoints civiles avancées des forces alliées, les résistants incarnent à l’écran les mêmes valeurs militaires éternelles que les soldats venus mourir pour la liberté loin de chez eux ; l’action émancipatrice, le courage extrême et le sens altruiste du sacrifice œuvrent pour restaurer un ordre idéal, libre et valeureux. Mais sans problématique politique, cette Résistance cinématographique renonce à toute portée subversive, préférant la permanence d’un ordre social idéalisé aux mutations dialectiques d’une société complexe, traversée par ses conflits et ses contradictions.