SOLOMON Ambroise, Le PSU et l’enseignement (1960-1967), Maîtrise [Pascal Ory, Gilles Morin], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 206 p.
Le Parti Socialiste Unifié qui naît en 1960 rassemble des hommes qui tous se prononcent contre la Guerre d’Algérie et contre le retour au pouvoir du général de Gaulle. Au sein de la gauche, les enseignants se distinguent nettement par leur opposition résolue au conflit algérien. Ils représentent ainsi une forte proportion des adhérents de ce parti. Or, le régime gaulliste décide de mener une politique volontariste dans le domaine de l’enseignement dès 1959, conscient de la nécessité de réformer les structures du système scolaire en raison de la progression spectaculaire de ses effectifs, mais également dans le dessein de répondre aux besoins en personnel qualifié de l’économie qui connaît alors une période de croissance exceptionnelle. Aussi, l’École constitue un thème majeur du combat qui oppose la gauche et naturellement le PSU à la République gaullienne.
Cette étude révèle un nouvel aspect de l’histoire de ce parti. Elle montre que l’enseignement constitue une de ses préoccupations essentielles et permet de mesurer l’influence des enseignants sur sa position dans un domaine qui les concerne directement et, en outre, dans une période singulière. La construction de ce mémoire repose principalement sur la consultation de nombreuses sources écrites dont les archives du PSU déposées en 1999 aux Archives nationales, l’hebdomadaire Tribune socialiste, la presse syndicale et secondairement sur des entretiens avec des anciens membres de ce parti. La réflexion sur ce sujet s’organise autour de trois dates-clefs qui recoupent trois étapes de la vie du PSU entre 1960 et 1967.
La loi du 31 décembre 1959 sur les rapports de l’État avec les établissements d’enseignement privés pose avec acuité la question de la coexistence au sein du PSU de militants croyants et incroyants sans pour autant que ce parti renonce à s’engager dans le combat laïque mené par les enseignants qui représentent un quart de ses membres. Le décret du 3 août 1963 portant création du Collège d’enseignement secondaire relance le débat sur la nécessité de démocratiser l’enseignement et sur les réformes souhaitables pour atteindre cet objectif. Le PSU critique sévèrement la politique gouvernementale et propose des solutions qui s’avèrent similaires à celles de la gauche et, en particulier, à celles des organisations syndicales enseignantes avec lesquelles il entretient des relations de plus en plus distantes depuis la fin de la Guerre d’Algérie malgré ses efforts pour les améliorer. En septembre 1964, le gouvernement annonce un vaste plan de réformes concernant le second degré, le baccalauréat et l’enseignement supérieur alors que se rapprochent des échéances électorales, enjeux majeurs pour la gauche et pour le PSU. Ce dernier donne une place remarquable à l’enseignement dans ses programmes électoraux, notamment dans celui de 1967, date à laquelle le renouvellement de son discours dans ce domaine coïncide avec celui de sa direction et marque la fin de la première phase de l’histoire du PSU, un an avant la rupture définitive de Mai 1968.