La presse hebdomadaire française et les indépendances en Afrique Noire et à Madagascar (1958-1960) : tentative pour cerner une opinion

PROUST Airy, La presse hebdomadaire française et les indépendances en Afrique Noire et à Madagascar (1958-1960) : tentative pour cerner une opinion, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1989, 174 p.

En 1945, tous les partis en France, sauf le Parti communiste, voulaient maintenir la suprématie française sur les territoires d’outre-mer. En effet, la Constitution d’octobre 1946, en réponse à la conférence de Brazzaville de février 1941, poursuivit l’assimilation. L’opinion publique métropolitaine n’était pas prête pour une refonte des institutions en faveur de l’outre-mer. Il fallut attendre 1956 et la loi-cadre Deferre pour que l’autonomie soit en partie réalisée et acceptée majoritairement. Ainsi, à travers les hebdomadaires utilisés, puis à travers les sondages, nous tenterons d’évaluer les émotions du public sur la venue des indépendances.

Dès sa prise de fonction le 29 mai 1958, le général de Gaulle reformula les rapports franco-africains. Mais sa Constitution de septembre 1958 laissait apparaître certaines inégalités pour une partie de l’opinion publique. Le leader guinéen Sékou Touré choisit donc l’indépendance. Toutefois, l’opinion ne voulant pas voir la France se faire évincer trop rapidement y souscrivit dans son ensemble. Néanmoins, les métropolitains restèrent indécis quant à l’avenir de la Communauté franco-africaine.

Devant la concentration des pouvoirs du chef de l’État, la création de la Fédération du Mali le 14 janvier 1959, était un recours et ressemblait à un début de dislocation. Félix Houphouët-Boigny de son côté, par opposition, créa en mai 1959, le Conseil de l’entente. Peu à peu, l’opinion se détournait des affaires communautaires. Par ailleurs, le chef de l’État n’avait plus qu’à reconnaître, le 12 décembre 1959 à Saint-Louis du Sénégal, la possibilité de l’indépendance sans quitter la Communauté.

Pour l’opinion, les indépendances étaient acquises dans les esprits. Les 2 et 4 avril 1960, les accords sur le transfert des compétences furent signés avec Madagascar. La Communauté rénovée du 4 juin 1960 rendant compatibles l’indépendance et l’appartenance à la Communauté fut comme un désaveu pour Félix Houphouët-Boigny, partisan de la Communauté. En conséquence, avec le Conseil de l’entente, il demanda l’indépendance immédiate.

Avec les dépendances d’avril 1960, une partie de l’opinion à travers le cartierisme s’empressa de refuser toute aide financière vers les nouveaux États. Pour d’autres au contraire, il était nécessaire d’inscrire de nouvelles relations d’amitiés et de coopération.

La certitude des indépendances n’empêchera nullement les métropolitains de s’opposer parfois au président de la République, pour ce qu’il considérait comme le plus propice pour la France. Le rôle du général de Gaulle fut évident dans la venue des indépendances africaines.