Le mouvement ouvrier dons l’Oise 1919-1935 : syndicats et grèves

RAFFAELLI Fabienne, Le mouvement ouvrier dons l’Oise 1919-1935 : syndicats et grèves, Maîtrise [Antoine Prost, Jean-Louis Robert], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1989, 154 p.

L’Oise est un département industriel (en 1926, 43 % de la population active travaille dans l’industrie) qui juxtapose des industries anciennes (bois essentiellement, cuirs et peaux, textile…) et des industries nouvelles (chimie et métallurgie). Entre 1919 et 1935, la crise qui s’abat sur les industries anciennes, notamment la tabletterie, libère de la main-d’œuvre pour les industries nouvelles en pleine ascension. Ce glissement des industries anciennes vers les industries nouvelles s’accompagne de celui de la population industrielle vers le sud du département, notamment la vallée de l’Oise.

Au sein de cette industrie en pleine mutation, les organisations ouvrières très faibles avant la guerre (1 160 adhérents à la CGT en 1914) redémarrent en 1919. Toutefois, après cette période florissante commune à toute la France, elles ne réussissent pas à s’imposer dans l’Oise. Dès 1921, le nombre de grèves chute très sensiblement, la syndicalisation, quant à elle, se poursuit jusqu’en 1927, mais reste toujours très modeste et est en butte à la division et aux dissensions internes.

Si l’Oise est minoritaire après le Congrès de Lille, la tendance s’inverse peu à peu à partir de 1927 en faveur de la CGT. Cette mutation s’accompagne du recul de l’anarcho-syndicalisme, dès 1923, et de celui de la syndicalisation des industries proprement dites au profit du secteur tertiaire et de la fonction publique.

Les organisations ouvrières s’appuient sur les industries anciennes, notamment celle du bois, qui se heurtent à la crise de leurs secteurs. La chute et la faiblesse du mouvement syndical et gréviste est donc due principalement à celle des industries anciennes. La chimie possède des organisations ouvrières quasi inexistantes ; la métallurgie, si elle affirme sa tradition de lutte au lendemain de la guerre, détient un nombre peu important de syndicats et voit le nombre de ses grèves régresser nettement dès 1925.

Outre la crise des industries anciennes, la faiblesse des organisations ouvrières dans l’Oise peut s’expliquer par la proximité de Paris, surtout dans le bassin creillois où sont regroupées les industries nouvelles ; l’hétérogénéité de la classe ouvrière, déjà présente avant-guerre, accentuée à cette période par l’accroissement des industries nouvelles et l’afflux de main-d’œuvre étrangère à laquelle se mêlent les ouvriers des industries en crise. Ces ouvriers mobiles et divers par leurs origines sociales et démographiques ne s’insèrent pas dans un mouvement ouvrier départemental divise dont aucun dirigeant, a part Thomann et Leroux qui s’inscrivent dans la tradition des années d’avant-guerre, ne marque véritablement la période.