La presse et la question des prêtres ouvriers de 1947 à 1954 : le traitement de l’affaire des prêtres ouvriers par la presse nationale française au lendemain de leur naissance jusqu’à leur condamnation

BREZOT Hervé, La presse et la question des prêtres ouvriers de 1947 à 1954 : le traitement de l’affaire des prêtres ouvriers par la presse nationale française au lendemain de leur naissance jusqu’à leur condamnation, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 359 p.

Observer à travers le prisme de la presse nationale parisienne, élargie à la presse catholique, te qui nous est apparu comme « l’affaire des prêtres-ouvriers », de 1947 (entrée définitive à l’usine) à 1954 (condamnation de « l’expérience » par le Saint-Siège) et ainsi éclairer cette frange de l’histoire ouvrière et religieuse à la lumière d’une source qui lui était contemporaine, tel était le but de notre travail.

Nous espérions comprendre comment l’engagement d’une centaine de prêtres, engagement silencieux dans la classe ouvrière et le mouvement ouvrier en rupture avec une pastorale traditionnelle, est devenu, au fil de ces années, une affaire médiatique, un sujet de polémique tel que Rome y mit fin brutalement.

Les prêtres ouvriers passent inaperçus jusqu’à la fin des années quarante malgré leur consécration par le cardinal archevêque de Paris qui leur vaudra le seul intérêt de la presse catholique. Par la suite, la question des prêtres ouvriers fera la une de la presse à trois reprises et sur des périodes plus ou moins étendues.

En juillet 1949, ils apparaissent pour la première fois sous les feux de la presse « à sensation », à l’occasion de la condamnation par le Vatican de la doctrine communiste et de ses soutiens.

Du printemps à l’automne 1952, la sortie d’un roman, l’engagement médiatique des pères Barreau et Depierre dans le mouvement ouvrier, souvent aux côtés des communistes, la participation mouvementée de deux d’entre eux à une manifestation quasi insurrectionnelle, alimentent l’intérêt soudain que la presse leur porte. Passé le romantisme des premiers temps, les articles consacrés aux prêtres ouvriers constituent désormais des mises en accusation, des dénonciations, des critiques tendancieuses, des soutiens discutés et des appuis intéressés ou sincères.

Enfin, les désaveux et l’intervention de Rome rendus public a la fin de l’été 1953 marquent le coup d’envoi d’une campagne de presse sans précédent concernant une question religieuse. Il apparaît que « le problème » des prêtres ouvriers déborde du cadre strictement religieux dans lequel les voix autorisées de l’Église voudraient le contenir. Sur six mois, tous les journaux ont un commentaire, une révélation, une opinion à rendre publique. Le débat théologique est entretenu et les décisions de la hiérarchie catholique sont discutées tout autant par les journalistes proches des milieux catholiques que les laïcs les plus radicaux. Le 1er mars 1954, leur condamnation sera effective et irrévocable. Dès lors, la presse se désintéressera, progressivement, des suites de ce qui a été l’affaire des prêtres ouvriers.