La presse clandestine féminine communiste

ANTON Églantine, La presse clandestine féminine communiste, Maîtrise [Claire Andrieu], 2000, Univ. Paris 1 CHS, 150 p.

Les journaux clandestins féminins communistes s’inscrivent dans la continuité de la presse féminine communiste d’avant-guerre. Internationale communiste a incité tous les Partis communistes à créer une organisation pour les femmes : les Comités de travail communistes parmi les femmes, dont le but est la propagande dans les masses féminines : un secrétariat féminin et un organe de presse réservé aux femmes. Mais en entrant dans la clandestinité, quelques adaptations sont parfois nécessaires. L’élaboration des journaux féminins est le résultat d’échanges entre les sphères dirigeantes du Travail parmi les femmes et la base organisée dans des Comités populaires féminins. Les différents échelons sont structurés selon le système des triangles propre à l’organisation du PCF. La réalisation et la diffusion sont également adaptées aux conditions particulières qui régissent la France entre septembre 1940 et août 1944 (limites du corpus étudié). Le contenu thématique évolue aussi, la vie chère mobilise les femmes — de tout temps les gardiennes du foyer — mais les symptômes sont conjoncturels : le manque d’argent, le rationnement, les queues interminables, la dénonciation du marché noir. Ces journaux font l’éloge des qualités typiquement féminines et font appel au sentiment maternel. L’entraide est le créneau militant de la femme, elle est le défenseur des faibles et de tous les déshérités : enfants, vieillards, familles des victimes de la répression, emprisonnées, prisonniers. La presse clandestine féminine reprend la spécialisation, fait typique, de la presse communiste, elle espère ainsi sensibiliser ses lectrices qui se reconnaissent dans au moins une des trois catégories : la militante communiste (ouvrières, jeunes filles), la ménagère et la femme de prisonnier (mères ou filles). La nouveauté qu’annonce cette presse est le véritable engagement de la femme dans la vie de la nation. Elle est présentée comme une fervente patriote ce qui ne l’empêche pas d’être une sympathisante voire une militante communiste, La presse clandestine féminine communiste appelle les femmes à une action plus réelle : la lutte contre l’occupant et ses alliés. Ce combat est très ambigu, il se traduit par des manifestations, du soutien aux combattants et même de la lutte armée, contestée par la majorité des militants et dirigeants communistes. L’action de toutes ces femmes sera reconnue (droit de vote), mais ne changera pas immédiatement la place de la femme dans la société ni le regard du PCF sur elle.