La politique éditoriale des Éditions Denoël – 1928-1945

CONRAD Ludivine, La politique éditoriale des Éditions Denoël – 1928-1945, Maîtrise [Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 144 p.

Les Editions Denoël, fondées en 1929 par le jeune Belge Robert Denoël, après des débuts assez confidentiels marqués par l’édition d’ouvrages à compte d’auteur, connaissent très rapidement le succès avec des ouvrages tels que L’Hôtel du Nord d’Eugène Dabit. En quelques années seulement, marquées par des publications importantes comme celle du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline en 1932 et par l’association avec l’Américain Bernard Steele, cette jeune maison d’édition parvient à faire partie du trio de tête de l’édition française, aux côtés des prestigieuses maisons Gallimard et Grasset, et à les concurrencer sur leur terrain même de prédilection, celui des prix littéraires.

Il s’est agi de montrer quels ont été les différents facteurs qui ont présidé à une telle réussite et leur évolution dans le temps, qu’il s’agisse dans les premières années de la mise en place d’une véritable structure éditoriale et de la constitution d’un cata­logue, ou par la suite de la diversification de ce dernier, en considérant les pratiques éditoriales mises en œuvre qui ont permis aux Éditions Denoël d’acquérir une place originale dans le champ de l’édition française pendant la période considérée, par une conciliation réussie entre capital économique et capital symbolique, édition littéraire et édition populaire, mais au prix d’accommodements plus ou moins marqués avec l’occupant de 1940 à 1944. Il a ainsi été possible de voir dans quelle mesure Robert Denoël a mené une politique éditoriale qu’on peut qualifier de cohérente malgré un catalogue de prime abord hétéroclite, par une stratégie placée sous le signe de l’anticonformisme et du jeu de l’antagonisme avec des maisons d’édition comme Gallimard, et marquée par une figure d’éditeur parvenant in fine à réconcilier le grand public et la critique, le sens des affaires et l’amour de l’art.