L’encadrement de la presse pour la jeunesse par la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence (1955-1962)

CRÉTOIS Anne, L’encadrement de la presse pour la jeunesse par la Commission de surveillance et de contrôle des publications destinées à l’enfance et à l’adolescence (1955-1962), Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 222 p. + 23 p. d’annexes

« Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à la jeunesse ». Telle est la mention mystérieuse que l’enfant découvre au dos de son journal ou de son livre. La formule est obligatoire. Elle atteste le contrôle d’une commission instituée par la loi de 1949 sur les publications destinées à la jeunesse et installées au ministère de la Justice depuis 1950.

À la fin des années cinquante, cette commission bénéficie toujours de façon plus ou moins marquée du soutien des acteurs qui l’ont portée sur les fonts baptismaux : les autorités politiques et les éducateurs notamment.

Elle s’intéresse en particulier à la représentation de la violence dans les illustrés et à son influence réelle sur les enfants. Elle condamne aussi le racisme, la fausse science-fiction, la débauche et le mercantilisme. Prenant sa mission à cœur, elle déborde ses prérogatives et étend son contrôle aux médias récents, mais néanmoins dangereux : la radio et la télévision. Elle est encouragée dans cette voie par les éditeurs de presse enfantine las d’être seuls à être contrôlés aussi strictement.

Les éditeurs français, mais aussi étrangers doivent s’adapter aux exigences de la Commission. L’autocontrôle au sein d’associations, l’autocensure et la respectabilisation se développent alors. Mais les éditeurs commerciaux ne peuvent perdre de vue la nécessaire rentabilité de leur entreprise que la Commission néglige trop fréquemment. Celle-ci brandit la menace de sanctions judiciaires devant les récalcitrants. À partir de 1961, elle bénéficie d’une jurisprudence en la matière. Elle gagne en effet à cette date un procès contre Pierre Mouchot, seul éditeur de presse enfantine à avoir été condamnée. Mais elle constate aussi la longueur de l’affaire débutée en 1954 et ponctuée de nombreuses relaxes de l’accusé. Elle s’emploie donc à retrouver la persuasion tout en cherchant des sanctions extrajudiciaires.

À partir de 1962, une autre lutte s’annonce pour les commissaires. Ils sont alors les témoins amers de l’avènement d’une presse du cœur destinée aux adolescentes et surtout de l’explosion de la presse pour teenagers avec Salut les copains. Ces deux nouveaux types de revues n’obtiennent pas du tout leurs suffrages.