La Mémoire de la révolution à travers le défilé de Jean Paul Goude

BARDOS Magali, La Mémoire de la révolution à travers le défilé de Jean Paul Goude, Maîtrise [Lucette Le Van-Lemesle, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 195 p.

Le défilé de Jean-Paul Goude a lieu le 14 juillet 1983 à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française.

L’analyse, par le biais des cassettes vidéo, des images et de la mise en scène de ce défilé, ainsi que l’interview de quelques acteurs de cet événement, permettent de saisir une certaine vision de la Révolution, telle qu’elle s’exprime à l’occasion du spectacle.

Rejetant l’esprit de la reconstitution historique ou de la grande réjouissance populaire dénuée de signification, le gouvernement commanditaire du spectacle, fait appel, par l’intermédiaire de Christian Dupavillon, à Jean-Paul Goude, homme d’image publicitaire, afin qu’il réalise un spectacle qui soit porteur d’un message.

Le cahier des charges élaboré par les commanditaires demande au concepteur du spectacle d’évoquer la Marseillaise et la fête de la Fédération. Ce tri opéré dans la décennie révolutionnaire met en avant la Révolution constituante et les institutions républicaines, les commanditaires se font ainsi les représentants d’une « mémoire historique ». D’une mémoire collective et de sa mémoire individuelle, Jean-Paul Goude retient les Droits de l’Homme et veut célébrer les fêtes du 14 juillet telles qu’il les a vécues étant enfant. Il donne aussi une tonalité contemporaine à la fête en choisissant comme thème le métissage à travers la world music.

Enrichi d’une esthétique moderne, le défilé, composé de treize tableaux, concrétise la vision des commanditaires d’une part, par la mise en scène d’une symbolique républicaine dans les tableaux représentant la France et, d’autre part, dans la séquence se déroulant place de la Concorde au cours de laquelle Jessye Norman interprète la Marseillaise. Les tableaux représentant les pays étrangers donnent une dimension universelle à la commémoration. Et, tout en utilisant des images d’Épinal, le défilé met en scène les Droits de l’Homme et rend hommage à la démocratie en faisant référence à la chute du communisme. Deux mémoires structurées indépendamment viennent ainsi se concrétiser de façon complémentaire dans la mise en scène.