ARNAL Simon, Aux origines de la Fédération du spectacle CGT en France : 1902-1922, Maîtrise [Antoine Prost, Danièle Tartakowsky], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1993, 139 p.
Le monde du spectacle n’est guère propice à l’émergence du syndicalisme puisqu’il faut attendre 1902 pour que soit fondée, après plusieurs tentatives infructueuses entre 1876 et 1901, la première organisation syndicale de poids : la Fédération des Artistes Musiciens de France. Cette fédération de métier est particulièrement corporatiste et peu idéologique. La réussite de la grève générale qu’elle organise en 1902 et son essor, parallèlement à la naissance de syndicats dans d’autres métiers du spectacle (les plus sédentaires), sont à l’origine de la création en 1909 de la Fédération Générale du Spectacle.
Cette dernière qui a principalement œuvré à la syndicalisation de tous les métiers du spectacle, connaît de sérieux problèmes d’ordre structurel dus à ses rapports difficiles avec la CGT Ceci provoque la scission des cégétistes convaincus (machinistes et choristes) qui créent en 1914 la Fédération des Syndicats du Spectacle. La lutte syndicale devient d’autant moins efficace que survient la guerre avec des conséquences terribles sur les conditions de travail et sur les salaires.
C’est en 1919 que naît la Fédération du Spectacle CGT, fusion des trois fédérations antérieures, réunissant des métiers moins corporatistes et donc plus à même de mener un combat idéologique. Ainsi, les luttes de 1919 et 1920 procurent à la Fédération une légitimité incontestée et aux travailleurs du Spectacle des avantages qu’ils revendiquaient depuis 1890 : le privilège des salaires en cas de faillite et un premier statut juridique (l’assimilation des artistes aux gens de service).
Avec la scission de la Fédération en 1922, l’évolution du syndicalisme du Spectacle rejoint celle des autres secteurs.