La FNACA et la mémoire de la guerre d’Algérie

AUTIER Nicolas, La FNACA et la mémoire de la guerre d’Algérie, Maîtrise [Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 282 p.

Il n’existe pas aujourd’hui de mémoire nationale de ce que l’on appelle « la guerre d’Algérie ». Statut juridique contestable et contesté, absence de bornes chronologiques clairement établies, théâtre d’opérations aux limites floues, foisonnement de groupes d’acteurs passionnés et antagonistes, fluidité de l’appartenance à tel ou tel groupe, désintérêt rapide de la majorité des Français, volonté générale de jeter le voile de l’oubli sur un conflit qui affecta douloureusement les consciences, autant de facteurs qui se combinèrent et se combinent encore pour empêcher que la société française rassemblée puisse se retourner avec sérénité sur cet événement majeur de la vie du pays. Au contraire, la guerre d’Algérie a donné lieu à l’établissement de mémoires catégorielles, multiples, souvent antagonistes dont les conflits sont encore vivaces. Depuis les travaux d’Antoine Prost, le monde des anciens combattants n’a plus été étudié. Or, près de trois millions de Français firent leur service militaire pendant la guerre d’Algérie dans des conditions qui les marquèrent profondément. Sur la base de cette expérience, par intégration aux associations d’anciens combattants déjà existantes, se créa le mouvement des anciens combattants d’Algérie. Cas à part dans ce monde, la FNACA est la seule association à ne rassembler que des participants du conflit algérien et à ne se consacrer qu’à la défense de ce qu’elle juge être leurs droits légitimes. Or ceux-ci sont directement fonction du regard que l’on porte sur les événements d’Algérie, donc de la mémoire de la guerre d’Algérie.

Cette étude propose d’explorer cette exception du monde ancien combattant, du rapport a priori constitutif qu’elle entretint avec la mémoire de ce conflit, et de la façon dont elle s’inscrivit dans la constitution de ce qui n’est encore qu’une mémoire éclatée de la guerre d’Algérie.