AUGIER Muriel, L’engagement en faveur des handicapés : nature, buts et moyens au travers de l’étude d’une association l’APF et de deux mouvements de lutte le MDH et le CLH (1973-1978), Maîtrise [Antoine Prost, Claude Pennetier], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 177 p. + 1 vol. d’annexes
L’APF (Association des Paralysés de France), le MDH (Mouvement de Défense des Handicapés), les CLH (Comités de Lutte des Handicapés), groupements créés par et pour les personnes atteintes de handicap physique, se sont engagés, de 1973 à 1978, de façon originale dans la préparation puis la mise en œuvre de la loi d’orientation du 30 juin 1975. L’APF, association reconnue d’utilité publique depuis 1945, a pour but l’amélioration du sort matériel et moral des handicapés physiques, par la mise en place de structures d’aides très diversifiées. Le MDH et les CLH créés respectivement en 1973 et 1974 sont de taille beaucoup plus modeste. L’un, issu d’une association d’étudiants handicapés, a pour but la réhabilitation des handicapés et leur participation à la vie de la cite, l’autre, les CLH, milite pour une véritable intégration des personnes handicapées.
Dans le contexte de l’après Mai 68 et du courant médical de la Réadaptation, l’orientation d’innovation sociale proposée par Valéry Giscard d’Estaing est le signe d’une volonté de remédier à la situation de nombreux exclus. En ce qui concerne les personnes handicapées, la loi du 30 juin 1975 prévoit des mesures relatives à l’ensemble de la vie des handicapés (octroi d’allocations, institution de commissions d’orientation scolaire et professionnelle, mesures relatives à l’accessibilité).
Vis-à-vis de la loi, l’APF joue un rôle de proposition auprès des pouvoirs publics, au sein d’un groupe de pression le « groupe des 25 », puis au sein du CNCPH (Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées) créé par décret à la suite de la loi. Au contraire, le MDH et les CLH militent contre cette loi qu’ils considèrent comme trop timide, voire comme un facteur d’exclusion. Le MDH choisit de faire appel à des interlocuteurs classiques : le gouvernement, les syndicats étudiants dont ils sont proches. Par contre, les CLH se cantonnent à des actions plus spectaculaires et provocatrices. Les différences de modes d’intervention et de prises de position envers la loi ont pour conséquence des oppositions entre APF et MDH/CLH, dont l’un des moments forts fut le siège de l’APF par les CLH, le 16 mars 1975.
Durant cette période, la réflexion menée sur l’exclusion n’aboutit pas à l’intégration réelle des handicapés, mais permet l’expression de nouvelles conceptions du handicap. La question du rôle et de la place des associations en faveur des handicapés est relancée (l’APF passe d’un mode de fonctionnement associatif à celui d’une entreprise morale). Par ailleurs, la professionnalisation des travailleurs sociaux coexiste avec le bénévolat, tous deux s’intégrant dans un système d’assistance dont les personnes handicapées sont dans leur grande majorité l’objet.