La fête à Aubervilliers dans l’entre-deux-guerres

FOREST Bénédicte, La fête à Aubervilliers dans l’entre-deux-guerres, Maîtrise [Noëlle Gérôme, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1994, 223 p.

« La fête à Aubervilliers dans l’entre-deux-guerres » est apparue comme une nouvelle approche et un complément des études déjà entreprises sur cette ville dont la particularité politique suscite intérêt. Résolument ouvrière, elle reste fidèle à Pierre Laval (maire depuis 1923) et ce jusque dans les années de Front populaire qui coïncident avec les premiers succès électoraux communistes.

Par une analyse formelle, nous avons cherché à caractériser ces fêtes en mettant l’accent sur le principal organisateur : la municipalité lavalienne. Cette dernière développe l’entreprise festive parce qu’elle rassemble, qu’elle n’est pas étrangère au projet d’un « mieux-être en banlieue » et qu’elle lui offre l’occasion de mettre à l’épreuve sa souveraineté. La fête est aussi le « miroir » d’une société à une époque donnée. Elle véhicule ses craintes, ses aspirations, elle permet un recensement des groupes influents locaux qui reconnaissent, unanimement, son utilité pour revendiquer et légitimer leur participation à la vie communale. Par exemple, les fêtes des cellules communistes dans le cadre du quartier favorisent le rapprochement avec la population et contribuent, ainsi, à leur implantation. Mais surtout, la fête témoigne des distorsions politiques, et elle se trouve, donc, au cœur de la rivalité qui oppose les communistes à la municipalité lavalienne dont elle est une des formes d’expression. Si la signification politique d’une fête tient essentiellement à son organisateur, il n’en demeure pas moins que les paramètres tels que le temps, le lieu et même le contenu reflètent, eux aussi, la politisation de la fête.