POLIAN Eric, La CGT et les Assurances sociales : 1930-1939, Maîtrise [Michel Dreyfus, Antoine Prost], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 127 p.
La loi sur les Assurances sociales a été votée le 28 avril 1930 au terme de dix années de laborieux débats. Elle instaure le premier système de protection sociale ayant réellement fonctionné en France, avec cinquante ans de retard sur l’Allemagne. Les Assurances sociales concernaient qu’une partie de la population, les ouvriers pour une écrasante majorité, et permettait, entre autres, aux syndicats de gérer des caisses d’assurance. La CGT, alors d’orientation réformiste, et premier syndicat ouvrier français à l’époque, a pleinement participé à l’élaboration de la loi, à sa mise en place et à son fonctionnement.
L’enjeu était de taille pou la Confédération. Il s’agissait en effet de promouvoir une loi sociale d’importance, d’améliorer les conditions de vie de la population, et au-delà, à travers la gestion ouvrière des caisses, de modifier la place du syndicat dans la société.
Cependant, un certain nombre d’obstacles ont existé. Outre l’opposition des autres forces — la Mutualité et le patronat — qui luttaient elles aussi pour le contrôle du système, la CGT a rencontré des difficultés à s’investir dans cette activité nouvelle, difficultés conjoncturelles, mais aussi structurelles. La Confédération n’a pas réussi regrouper plus de 5 % des assurés dans ses caisses, l’apprentissage de la gestion d’institutions complexes telles que les caisses primaires n’a pas été simple pour les militants ouvriers. La CGT a donc connu pendant ces années une mutation qui l’a préparée à gérer la Sécurité sociale.