Bibliothèques pillées : le pillage des bibliothèques en France par les nazis spoliations et restitutions allemandes, 1940-1953

REYMES Nicolas, Bibliothèques pillées : le pillage des bibliothèques en France par les nazis spoliations et restitutions allemandes, 1940-1953, Maîtrise [Antoine Prost, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1996, 349 p.

Les Allemands ont spolié en France pendant la Seconde Guerre mondiale un nombre considérable d’archives, de manuscrits et de livres. Au total, ce sont près de vingt millions de documents qui ont disparu dont beaucoup avaient une valeur culturelle importante.

Ces spoliations ne furent qu’exceptionnellement l’œuvre de pillards isolés. Au contraire, elles ont revêtu un caractère systématique et ont été organisées par des services officiels nazis. Loin d’être un conglomérat de pratiques circonstancielles, le pillage nazi dessine une pratique cohérente et organisée. Il est l’œuvre de spécialistes agissant selon des règles et des structures bien définies. De même, loin d’être une activité de l’ombre, le pillage des bibliothèques est l’expression visible et revendiquée de la mise sous tutelle nazie de la littérature, des informations et des hommes. Priorités idéologiques, les spoliations sont autant de punitions et d’humiliations contre des victimes préalablement désignées comme adversaires du nazisme. Priorité militaire et scientifique qui aboutit à une exploitation du patrimoine archivistique français. Enfin, priorité artistique, l’occupation militaire ouvrant les portes à une activité lucrative qui enrichit les collections personnelles des pilleurs ou celles des bibliothèques nazies.

Il s’agit donc de comprendre, au travers des pratiques, comment une armée d’occupation se charge de la disparition d’une telle masse d’ouvrages. Pour cela, il faut mettre à nu les organisations, suivre le sort des livres pillés, démasquer les ambitions, mais aussi évaluer les spoliations, étudier les spoliés et confronter l’occupé aux pratiques de l’occupant.

Vingt millions d’ouvrages, plus de quatre fois la quantité de livres conservés à la Biblioilièque Nationale en 1939, suffit-il à prendre la mesure du traumatisme ? Il nous a paru essentiel de ne pas isoler le pillage des bibliothèques par les nazis de l’action engagée par la France à la Libération en vue de retrouver les collections disparues.

Dans un paysage livresque rendu exsangue par les destructions et les spoliations, la question du livre volé, de sa restitution et de la réparation des préjudices imposait à la France un devoir de justice pour toutes les victimes spoliées et pour tous ceux qui étaient morts entre les mains des nazis.

Alors que les ouvrages ont été pillés par camions entiers, seule une infime partie sera rendue progressivement au terme de longues et patientes recherches.