JOSEPH Mathilde, Image du poilu dans les revues des music-halls parisiens pendant la Grande Guerre : décembre 1914-décembre 1919, Maîtrise [Antoine Prost, Claire Andrieu], Univ. Paris 1 CRHMSS, 1997, 193 p.
À peine les music-halls sont-ils autorisés à rouvrir leurs portes en décembre 1914 que le troufion rigolard et bon enfant, bien connu des Parisiens se transforme en un « poilu » héroïque, exalté, confiant dans la victoire et résolument prêt à mourir pour la France, entouré de jolies femmes plus ou moins dénudées qui se pâment devant lui. Il apparaît dans des revues qui font courir le Tout-Paris comme les classes populaires, et dont le succès n’est pas encore entamé par le cinéma.
Avec lui fait irruption à Paris le monde des tranchées. Autour de lui se concentre l’attention des censeurs. Savoir quel fut ce personnage, s’il entretenait quelque rapport avec la réalité ou n’était qu’un vecteur de propagande, s’il fut applaudi ou hué, savoir quelle fut son évolution tout au long de la guerre, permet de poser le problème de la propagande auprès du peuple parisien et, également, celui de la relation affective entre Paris et le front. L’étude de l’image renvoyée par le personnage du poilu de music-hall, à Paris, est ainsi un moyen d’évaluer la place et l’importance du music-hall dans la littérature de guerre et, plus généralement, dans la formation de cette culture de guerre que les historiens s’attachent depuis peu à restituer.
Le spectacle populaire parisien, dont les revues sont un échantillon fut-il un vecteur de propagande, un élément du « bourrage de crâne » qui contribue au clivage entre l’arrière et l’avant ?