Histoire et enjeux d’un magazine francophone dans le Liban d’après-guerre : L’Orient-Express (novembre 1995-février 1998)

ICHÉ Sandra, Histoire et enjeux d’un magazine francophone dans le Liban d’après-guerre : L’Orient-Express (novembre 1995-février 1998), Maîtrise [Pascal Ory], Univ. Paris 1 CHS, 2000, 225 p.

La presse francophone libanaise au milieu des années quatre-vingt-dix se caractérisait par un vide concernant le message politique. L’Orient-Express a vu le jour sur une initiative publicitaire : le mensuel de L’Orient-Le Jour s’annonçait comme un nouveau magazine sans substance. Mais le choix de Samir Kassir comme rédacteur en chef est venu détourner le projet commercial. Composée majoritairement d’anciens expatriés, l’équipe de L’Orient-Express a opté pour une ligne éditoriale forte et une pratique corrosive de la langue française qui entendait bousculer une francophonie surannée et intéresser des Libanais, à priori réticents, à la langue des anciens mandataires. Au-delà de la formule réconciliatrice du « journal arabe en français », L’Orient-Express articulait des propositions visant une reconstruction nationale effective et durable.

La suspension du magazine, intervenue après la publication de 27 numéros, a été le fait d’une conjonction d’intérêts entre les deux sources de financement : la maison-mère d’une part, L’Orient-Le Jour, peu à même à soutenir un projet qui, par contraste, révélait son vieillissement, et le publicitaire d’autre part, Antoine Choueiri, pour lequel L’Orient-Express ne parvenait pas à séduire les annonceurs en pratiquant une liberté de ton suicidaire à leur égard.

L’histoire de L’Orient-Express est celle d’une tentative de presse marginale dans un Liban qui vit un après-guerre prolongé. Elle témoigne de la difficulté de faire entendre une voix orientée dans une société civile encore apathique et entretenue dans cet état par un personnel politique irresponsable et des décideurs financiers puissants.