Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Ministre de la Résistance (9 novembre 1943-9 septembre 1944)

GEOFFROY Charles, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Ministre de la Résistance (9 novembre 1943-9 septembre 1944), Maîtrise [Jean-Louis Robert, Claire Andrieu], 2000, 158 p.

En raison d’un itinéraire politique très varié, l’action d’Emmanuel d’Astier de la Vigerie au gouvernement d’Alger a toujours été très discutée. Son compagnonnage de route avec le Parti communiste, après son départ du gouvernement de Charles de Gaulle et jusqu’à la fin des années cinquante, a amené des historiens et surtout d’anciens résistants, qui lui étaient déjà hostiles, à conclure que d’Astier marchait déjà avec les communistes durant cette période. Mais, d’un autre côté, ceux qui ont étudié les préparatifs puis la gestion de la Libération par le gouvernement de Gaulle ont bien montré que d’Astier a grandement participé à cet effort de restauration de la légalité républicaine. En s’appuyant sur une utilisation systématique des sources, puisées dans les archives privées d’Emmanuel d’Astier, on peut essayer de résoudre deux problèmes essentiels : d’Astier a-t-il été une sotte de « sous-marin » du Parti communiste lors de ces dernières années d’occupation ? Dans quelle mesure s’est-il rallié au général de Gaulle ?

La Résistance constitue, dans cette recherche, un élément central. C’est parce qu’il est attentif aux revendications d’une Résistance de plus en plus ancrée à gauche que certains l’accusèrent de compromission avec les communistes. Mais c’est parce qu’il est tenu à la rigueur gouvernementale qu’il est obligé d’en calmer l’ardeur. Derrière cet apparent dilemme, pour d’Astier, se dessinait la nécessité de l’unité de la Résistance. Une unité à la manière de de Gaulle, « accessoire » et idéalisée, mais avant tout nécessaire pour le Salut de la France. L’action de d’Astier s’inscrit tout entière dans l’exigeante ambition du Général : le redressement de la France en ces heures sombres de l’histoire nationale.