Analyse démographique de la population d’un ilot du XXe arrondissement de Paris, à partir des listes nominatives de recensement de 1926, 1931, 1936 et 1946. L’îlot Planchat-Terre-Neuve-Buzenval-Haies

LOCHARD Marion, Analyse démographique de la population d’un ilot du XXe arrondissement de Paris, à partir des listes nominatives de recensement de 1926, 1931, 1936 et 1946. L’îlot Planchat-Terre-Neuve-Buzenval-Haies, Maîtrise [Christian Chevandier], Univ. Paris 1 CHS, 2001, 163 p, + annexes,

Ce mémoire d’histoire quantitative urbaine a pour terrain d’étude un îlot situé au nord de la Place de la Nation et plus spécialement au cœur du quartier de la Réunion. Il s’agit d’un espace à l’échelle très réduite. Les quatre rues, Planchat, Terre-Neuve, Buzenval et des Haies, forment un quadrilatère partagé par la rue des Vignoles. Huit impasses parallèles entre elles coupent perpendiculairement celle-ci de part et d’autre. Cette organisation singulière de notre espace résulte du passé agricole de ce quartier, attaché à Paris seulement en 1860.

Situé aux marges de la capitale, cet îlot a toujours accueilli des populations immigrées, françaises et étrangères. La population italienne domine parmi la très grande variété de nationalités représentées au sein de la population étrangère. La population française demeure toutefois majoritaire.

Les quatre recensements, qui constituent notre source principale, de 1926, 1931, 1936 et 1946 ont été dépouillés. Cette source est largement critiquée tout comme la méthode employée est présentée. En effet, l’ensemble des données démographiques (le sexe, la date et le lieu de naissance, la profession…) contenues dans les listes nominatives de recensement ont pu être traitées grâce à l’outil informatique. Nous avons dégagé nos résultats de la base de données que nous avons créée. Au total, 3001 individus ont été répertoriés par ces quatre recensements successifs. Des sources complémentaires ont aussi été consultées, pour pallier aux lacunes de la principale d’une part, et pour réunir des informations de nature différente, d’autre part. Parmi ces sources complémentaires, nous pouvons citer les listes électorales et la « main courante », mais aussi un entretien mené avec une habitante de l’îlot. Parmi les caractéristiques dégagées, nous pouvons ici en signaler quelques-unes : il s’agit d’une population vieillissante où le célibat demeure majoritaire et à très forte proportion ouvrière. L’îlot est très largement commerçant et se caractérise, à cet égard, par le nombre important d’ébénisteries installées dans les impasses.

Puis, l’origine géographique des individus largement détaillée, nous nous sommes attachés à comparer d’un côté, l’ensemble de la population française et de l’autre, l’ensemble de la population de migrants étrangers, en mettant en avant les particularités les plus significatives. Parmi les différences observées, la population française est moins active et dégage un profil professionnel plus varié tandis que la population étrangère est plus masculine et plus jeune. Au sein de cette dernière, les populations italiennes, polonaises et algériennes ont été, pour finir, plus spécifiquement étudiées. Là encore, des particularités nationales existent. Par exemple, les comportements démographiques des Italiens tendent à se rapprocher de ceux de la population française. La population polonaise, quant à elle, et contrairement à l’ensemble des populations immigrées étrangères, est majoritairement féminine. Enfin, les Algériens sont presque tous célibataires et ouvriers.

L’origine géographique influe donc largement sur les comportements démographiques de chacun. Certaines populations immigrées se sont intégrées plus vite que d’autres et surtout, de façon différente. Mais, d’une manière générale, si chaque population présente des caractéristiques propres, une règle commune se dégage : plus un individu est installé depuis longtemps dans sa terre d’accueil, plus son comportement se détache des spécificités initiales de son groupe d’origine.